A l'occasion de la campagne pr??sidentielle, la soci??t?? des agr??g??s a fait parvenir un questionnaire aux diff??rents candidats, afin de conna??tre leurs positions sur l'??ducation. Les r??ponses donn??es par chacun d'eux ont ??t?? publi??es dans le journal "L'agr??gation" des mois d'avril-mai 2007, mais sont ??galement disponibles en ligne sur le site de la soci??t?? des agr??g??s. Je vous invite vivement ?? consulter l'ensemble, car les 17 questions pos??es permettent de se faire une id??e pr??cise des conceptions que se font les candidats du r??le des enseignants et de l'??cole.
Je remarque tout d'abord que, parmi les trois candidats ayant une chance d'??tre ??lus - Sarkozy, Bayrou, Royal - seul Nicolas Sarkozy s'est donn?? la peine de r??pondre aux 17 questions. Fran??ois Bayrou n'a m??me pas daign?? r??pondre au questionnaire, ce qui, pour un ancien ministre de l'Education Nationale est quand m??me tr??s regrettable. Quant ?? S??gol??ne Royal, elle s'est content??e d'une r??ponse g??n??rale lui permettant d'??viter toutes les questions qui f??chent. Elle invite, ?? la fin de sa lettre, les membres de la soci??t?? des agr??g??s ?? se r??f??rer ?? son "pacte pr??sidentiel" et ?? se rendre sur son site d??sir d'avenir... Je n'ose imaginer madame Royal dans un d??bat au second tour, renvoyant son contradicteur ?? son pacte pr??sidentiel et ?? son site en guise de r??ponse !
Au-del?? de ces remarques d'ordre g??n??ral mais d??j?? r??v??latrices de l'??tat d'esprit des candidats, je donne ?? lire ici la position de N. Sarkozy sur le syst??me de la bivalence, car il ne s'??tait pas encore, ?? ma connaissance, exprim?? sur le sujet.
La 11??me question pos??e ??tait en effet : "??tes-vous favorable ou d??favorable ?? l???introduction de la ?? bivalence ?? (d??finie comme le fait d???enseigner une seconde discipline sans avoir subi toutes les ??preuves du CAPES correspondant) ?" Voici la r??ponse du candidat de l'UMP :
"Je ne crois pas qu???il faille condamner la bivalence par principe : il y a des exemples d??sormais traditionnels de bivalence r??ussie, comme les lettres classiques ou les couples histoire et g??ographie, physique et chimie ou sciences ??conomiques et sociales. La bivalence peut avoir des effets favorables ?? deux conditions. Elle doit ??tre, d???abord, une possibilit?? laiss??e ?? l???appr??ciation des professeurs qui aimeraient ??tendre le champ de leur savoir et de leurs comp??tences professionnelles. Elle doit ensuite ??tre pr??par??e en amont : les ??tudiants doivent pouvoir suivre pendant leurs ??tudes universitaires des enseignements approfondis dans la discipline secondaire qu???ils comptent ??galement enseigner. Je souhaite aussi que les enseignants d??j?? titulaires qui veulent acqu??rir une mention compl??mentaire leur permettant d?????tre bivalents puissent recevoir une formation continue dans cette discipline, m??me s???ils l???enseignent d??j??.
Si ces deux conditions sont r??unies, la bivalence pourra ??tre une opportunit?? suppl??mentaire pour les professeurs. Je tiens ?? souligner que les agr??gations d???histoire et de g??ographie fonctionnent d???ores et d??j?? sur un principe similaire : les deux concours comportent une ??preuve ??crite et une ??preuve orale portant sur la discipline qui n???est pas l???objet principal du concours. Cela n?????te rien ni ?? la difficult?? de ces concours, ni ?? la comp??tence que montrent les enseignants dans chacune des deux disciplines."
Je consid??re cette r??ponse comme rassurante. Ainsi que je l'??crivais dans un pr??c??dent commentaire ?? l'occasion de ma note "bac blanc et gr??ve des profs", "en tant qu'agr??g?? de lettres classiques, je suis trivalent (fran??ais, latin grec) ! Et je ne me consid??re pas pour autant comme trois fois moins comp??tent en fran??ais qu'un agr??g?? de lettres modernes. Tout est question d'exigence. Il ne faut pas attribuer les bivalences ?? la l??g??re, mais en soi elles ne sont pas scandaleuses." La r??ponse de N. Sarkozy me satisfait, dans la mesure o?? elle souligne, dans le cadre de l'instauration de la bivalence, la n??cessit?? d'une formation adapt??e (inexistante aujourd'hui) aussi bien pour les futurs enseignants, pendant leur cursus universitaire, que pour les enseignants d??j?? titulaires souhaitant acqu??rir une mention compl??mentaire au cours de leur carri??re. La bivalence peut pr??senter des avantages non seulement pour l'administration, mais pour les enseignants eux-m??mes : elle peut ??tre ?? la fois une forme d'enrichissement et de libert?? offerte ?? tous les enseignants, mais aussi un moyen, par la simplification de la gestion du personnel enseignant, de satisfaire plus facilement aux demandes de mutation des uns et des autres. Mais la mise en place de la bivalence ne pourra ??tre une r??ussite que si on maintient de hautes exigences dans la formation et le recrutement des enseignants.