En mai fait ce qu’il te plaît // De Christian Carion. Avec August Diehl et Olivier Gourmet.
C’est tout de même surprenant de voir Matthew Rhys (The Americans) dans un film français et pourtant, il est l’un des éléments les plus intéressants de ce film. En parallèle, nous avons ce qui se fait probablement de pire : Laurent Gerra. Ce dernier devrait se cantonner à l’imitation. Ici, dans le rôle de ce campagnard tout ce qu’il y a de plus cliché, accro au pinard, et grand benêt, n’apporte rien de vraiment intéressant au récit. Sa mort est même un soulagement à un moment où il commence à tuer le potentiel de personnages comme ceux de Matthew Rhys et Angust Diehl. Christian Carion, connu pour avoir mis en scène le très beau Joyeux Noël, continue de parler de guerre et cette fois-ci c’est la Seconde Guerre Mondiale qu’il raconte du point de vue d’un petit village du nord de la France qui prend la route afin de fuir l’invasion allemande et tenter d’échapper aux bombardements. Si l’on connaît plus ou moins la suite de l’histoire, En mai fait ce qu’il te plaît est avant tout intéressant pour sa façon de nous immerger au sein de cet univers grâce au destin de plusieurs personnages complètement différents mais tous complémentaires : un allemand qui a fuit son pays, un anglais qui tente de rentrer dans son pays, des français de la campagne qui cherchent à survivre et ceux qui sont au fronts, tant du côté allemand que du côté français.
Mai 1940. Pour fuir l'invasion allemande, les habitants d'un petit village du nord de la France partent sur les routes, comme des millions de Français. Ils emmènent avec eux dans cet exode un enfant allemand, dont le père opposant au régime nazi est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité. Libéré dans le chaos, celui-ci se lance à la recherche de son fils, accompagné par un soldat écossais cherchant à regagner l'Angleterre...
Ce qui est rare dans un film de guerre français qui dépeint cette terrible époque c’est de mettre en scène l’ennemi comme quelqu’un d’égal. Christian Carion l’avait déjà fait avec Joyeux Noël, racontant cette histoire selon laquelle le jour de Noël les français et allemands ont passer la soirée ensemble en laissant les armes de côtés. Les allemands et les français étaient ainsi mis sur un pied d’égalité. C’est ce qui se passe par moment ici alors que l’on suit certains soldats allemands qui ne sont pas vraiment d’accord avec les risques qu’ils prennent et le fait qu’ils aient dû abandonner leur famille afin de se battre au front. Il y a des moments touchants, dont un entre Hans et un soldat allemand à l’agonie. S’il y a des choix de casting qui font mouche, d’autres n’ont pas vraiment le même impact. Je parlais de Laurent Gerra mais n’étant toujours pas un très grand fan de Mathilde Seigner (ou alors à quelques reprises seulement) je n’ai pu m’empêcher de la trouver encore une fois irritante à souhait. Il en va de même d’Olivier Gourmet qui au contraire est un acteur français que j’apprécie mais qui ici se retrouve avec un rôle pas forcément très intéressant. Ce qui est vraiment dommage car je suis persuadé qu’il y avait énormément de potentiel avec l’histoire de ce Maire.
Sauf que son histoire est tellement secondaire. Je ne comprends même pas pourquoi En mai fait ce qu’il te plaît a voulu plus ou moins en faire un sorte de figure de proue, d’homme à suivre alors que c’est plutôt d’autres personnages qui sortent du lot comme l’institutrice par exemple. Car finalement, il y a ici des acteurs qui appuient un peu trop leur prestation, qui nous donnent l’impression d’être dans une fiction de TF1 (Résistances, vous vous en souvenez ?). Ce n’est pas forcément bête mais cela ne fonctionne pas forcément comme je l’aurais peut-être souhaité. Chaque année nous avons le droit à un nouveau drame de guerre et même si cela reste assez classique, il y a tout de même de bons moments qui sont mis en scène avec beaucoup de sagesse par un Christian Carion qui reste très académique. Finalement, En mai fait ce qu’il te plaît reste un film choral français, humain mais qui a conscience qu’il doit rester populaire. C’est peut-être justement ce qui laisse échapper l’impression que Joyeux Noël me manque tant celui-ci n’est malheureusement pas aussi intense qu’il n’aurait probablement dû l’être.
Note : 5/10. En bref, un devoir de mémoire qui passe parfois à côté de la plaque.