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Cannibale - Le retour d'Ataï, de Didier Daeninckx

Publié le 11 novembre 2015 par Onarretetout
Cannibale - Le retour d'Ataï, de Didier Daeninckx

C'est le même Gocéné que nous suivons dans les deux romans de Didier Daeninckx publiés en un seul volume : Cannibale et Le retour d'Ataï.

Son histoire coïncide avec celle de la colonisation et des comportements qui y sont liés. Les canaques sont considérés comme inférieurs par les colons ; leurs terres ancestrales ne leur appartiennent pas, selon les nouvelles lois qui leur sont imposées. Ni leurs terres, ni leurs corps, d'ailleurs.

C'est ainsi qu'on le voit, jeune encore, débarqué à Paris pour l'Exposition coloniale. Un souvenir que la génération suivante a occulté et que Gocéné raconte tandis que lève la révolte en Nouvelle-Calédonie. Ce moment de l'histoire qui resurgit témoigne du mépris des colonisateurs à l'égard des indigènes qui sont transférés dans un zoo où on leur enseigne des danses prétendument tribales et où on leur dit d'adopter des attitudes pour faire peur aux visiteurs. Tous les Français ne sont pas, pour autant, partisans de ce traitement. Une jeune femme, que la police interrompra rapidement, va prononcer le discours des surréalistes invitant les Parisiens à boycotter l'exposition. Et c'est un autre Français qui va protéger le Kanak menacé par l'arme d'un policier...

Plusieurs années plus tard, Gocéné revient à Paris, âgé d'environ 90 ans, pour réparer une traitrise du siècle précédent et restituer aux Kanak la tête d'un ancêtre emportée sur les mers par un militaire (après avoir été brandie au bout d'une baïonnette) et vendue à plusieurs reprises sur le territoire métropolitain, passant de collection muséale à des champs de foire et aboutissant dans une collection privée. On croise le moulage de la Vénus hottentote dans un musée situé non loin de l'endroit où se tenait, trois quarts de siècles plus tôt, l'Exposition coloniale...

En exergue à ces romans, l'auteur précise : " Les accords de Nouméa, signés en 1998, ont officialisé le mot kanak et l'ont rendu invariable, soulignant la dimension paternaliste et coloniale du terme usuel canaque. "


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