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Clavel soldat (Léon Werth)

Publié le 11 novembre 2015 par Despasperdus

Clavel est un jeune homme d'origines modestes qui a brillamment réussi ses études supérieures. L'agression allemande contre la France balaie ses plans de carrière, mais surtout, un temps, ses convictions internationalistes, voire socialistes (aucun rapport avec le parti dirigé par C. Cambadelis). Il se porte volontaire, à l'instar de Blaise Cendrars ou de Guillaume Apollinaire, en pensant naïvement aux soldats de l'an II.

Clavel soldat (Léon Werth)

La guerre le ramène à la réalité avec son cortège d'horreurs, de camarades tués à cause de tirs arrières mal ajustés ou d'ordres imbéciles, voire opportunistes, de conditions quotidiennes inhumaines, d'une intendance en-dessous de tout, de la propagande officielle qui gave la population de victoires héroïques, de témoignages bidonnés de soldats dans la presse, de mensonges de l'armée sur l'héroïsme des morts pour consoler les familles...

Le narrateur décrit son quotidien, la permanence des classes sociales, les différentes perceptions de la guerre chez ses compagnons d'infortune, les espoirs, les vies sacrifiées, la fatalité qui prédomine dans les rangs, les pelotons d'exécution, l'omniprésente de la mort, la puanteur, la fatigue, la souffrance autant physique qu'intellectuelle, la folie et la peur. Sa description de l'arrière est pleine de dégoût à cause de l'impossibilité pour les soldats de témoigner tant la propagande abrutit la population ou de la rapacité de certains commerçants.

Léon Werth montre la face cachée de la guerre, l'égoïsme exacerbé de certains, comme ces médecins et ces infirmiers qui ne vont pas secourir des blessés, préférant poursuivre leur partie de cartes. Il dénonce également le cynisme du pouvoir qui envoie les tirailleurs sénégalais se faire tuer au nom de la défense de la patrie des droits de l'Homme. Enfin, Il souligne l'absurdité de la guerre en évoquant les moments de fraternisation sur le front ou les exécutés pour l'exemple...

Clavel soldat tient plus du récit autobiographique que du roman, un regard acéré, sans concession, sur la guerre et une réflexion sur les hommes. De la grande littérature contre le bourrage de crâne.

Clavel soldat (Léon Werth)

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