Critiques Séries : Flesh and Bone. Saison 1. Pilot.

Publié le 10 novembre 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Flesh and Bone // Saison 1. Episode 1. Pilot.


Depuis quelques années maintenant, Starz est devenue une chaîne proposant des séries un peu plus osées et sortant du lot. La gestation de Flesh and Bone a mis pas mal de temps. En effet, au départ prévue pour être une série elle a finalement été commandée comme une mini-série. Moira Walley-Beckett (Breaking Bad, Pan Am) démontre ainsi au travers de ce premier épisode sa volonté de créer une série aussi légère qu’une plume mais aussi malsaine que la torture que vivent les danseuses au quotidien. Car le monde de la danse n’est pas un monde facile. Si l’on veut accéder au sommet, il faut souffrir. La série veut nous le démontrer dès les premières images alors que l’on voir Claire, notre héroïne, ôter son chausson et nous dévoiler son pied mutilé par les heures de répétition. Si nous montrer son ongle qui tombe est quelque chose d’assez peu ragoutant, c’est une façon de tout de suite nous mettre dans l’ambiance. Celle qui a écrit des épisodes comme « Ozymandias » (l’un des épisodes les plus mémorables de Breaking Bad) se retrouve ici à la tête d’une série qui dépeint un monde qu’elle connaît. En effet, elle a été apprentie danseuse mais elle aussi appris à connaître l’horreur de ce monde et cette souffrance qu’elle a vécu se ressent tout au long de ce premier épisode.

Des corps meurtris, une pression insupportable et des jalousies constantes, tel est le quotidien des danseurs de ballet. Un quotidien dont rêve Claire , jeune danseuse de Pittsburg fraichement débarquée à New York pour intégrer l’American Ballet Company. Là-bas, la jeune fille devient la coqueluche de Paul Grayson, directeur artistique colérique, sadique et manipulateur qui voit en elle une future star, une Etoile.
Elle découvre que le prix à payer pour y parvenir n’est pas que celui de la torture de son corps au fil d’entrainements drastiques et de privations. Cela revient, parfois, à vendre son âme au diable.

D’un point de vue de l’écriture, Flesh and Bone m’a fait énormément penser à Black Swan mais en beaucoup moins allégorique étant donné que le but ici n’est pas vraiment de faire de la métaphore Aronosky-esque mais plutôt de nous plonger avec excès dans un monde d’excès en tout genre. Ce pilote joui également de la mise en scène soignée de David Michôd. Ce dernier, à qui l’on doit des films comme Animal Kingdom ou encore The Rover vient apporter ici un ton, une identité et parvient à nous faire ressentir à certains moments une certaine froideur intense qui nous glace le sang. Si cette série fonctionne et qu’elle donne envie de revenir pour voir les suivants, c’est aussi car il y a des éléments un peu soap-esque qui lui sied à merveille. Je pense notamment à cette histoire de sexe et de mystère, de mélange de difficultés financières et d’équipe qui doit être exceptionnelle. Du coup, quand Paul balance un « Anyone with enough dough to sit on the board spend more doing blow off a hooker’s tit on a Saturday night » j’ai une légère impression de retrouver un peu de Jack Davenport de Smash mais en beaucoup plus violent. Car Paul est saignant, capable d’être cinglant. La série n’a pas froid aux yeux, surtout avec la nudité (les scènes dans les vestiaires avec des corps maigres) et le but est clair là aussi : nous montrer à quel point ce monde est difficile à froid.

Afin de nous donner l’impression que Flesh and Bone est proche de la réalité, la série a engagé des danseuses et des danseurs du ballet new-yorkais. Tous ne sont pas forcément des professionnels de la danse mais chacun partage quelque chose. Ben Daniels (House of Cards) est parfait dans le rôle de Paul et je dirais même que l’on a envie d’en voir encore plus. Le fait qu’il soit aussi exigent vient influencer énormément notre appréciation du récit (accentué par une scène de téléphone qui sonne au mauvais moment, inspirant une scène humiliante pour notre héroïne - et le pire, c’est que Paul appuie là où cela fait mal histoire de démontrer à quel point ce monde est tordu -), mais aussi car une scène de sodomie comme celle qu’il nous offre est aussi malsaine que drôle. Flesh and Bone ne se concentre pas pour autant que sur Paul, il y a aussi Claire notre jeune héroïne qui débarque dans ce monde. C’est une femme que personne n’a vraiment envie de voir car elle est plus ou moins vue comme une menace. Je ne m’attendais pas du tout à une série de cette franchise, de cet acabit et de cette folie. Je suis surpris aussi par la qualité visuelle de Flesh and Bone et de ce qu’elle a à offrir d’un point de vue scénaristique. Les scènes dansées sont elles aussi très bien, très élancées, très élégantes. Si Flesh and Bone pourrait être le Smash de la danse, les qualités ne manquent pas quand elles manquaient complètement dans la série de NBC.

Note : 9/10. En bref, un premier épisode malsain mais brillant par sa façon de dépeindre un monde fait de tortures en tout genre, physiques et psychologiques.