Magazine Société
La Belgique politique vit en ce moment un imbroglio sans grande importance sans doute, sauf qu’il ne réconciliera pas les citoyens avec leurs « dirigeants ». Une ministre a visiblement outrepassé les règles des marchés publics, mais elle ne reconnaît qu’une imprudence, avec la bénédiction de ses collègues gouvernementaux. Un bel exemple de jeu de dupes.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien la situation belge, un petit rappel. À la suite des élections de 2014, nous avons un gouvernement qui dispose d’une majorité. Si celle-ci est évidente du côté flamand, elle ne l’est pas du tout du côté francophone : un seul parti, le Mouvement réformateur (MR), d’obédience libérale, participe à ce gouvernement alors qu’il représente moins de 30% des électeurs francophones.
Dans cet équilibre boiteux, on voit bien les enjeux : pour les flamands, majoritaires, il est important de concrétiser le maximum de revendications. Pour le MR, minoritaire, l’important est simplement d’exister. Dans le cas présent de la Ministre de la Mobilité, cela se traduit concrètement en deux aspirations parfaitement complémentaires, même si pour cela on ignorera la loi. Le MR se doit d’exister et surtout de ne pas perdre une Ministre, protégée du Premier ministre, qu’on ne saurait remplacer, malgré son incompétence manifeste. Pour sauver leur peau, la Ministre et le MR n’ont qu’une seule solution : obtenir le soutien du reste du gouvernement composé de trois partis flamands. Ceux-ci ne vont pas accorder leur béquille sans obtenir une satisfaction compensatoire. On est dans le dossier de l’aéroport de Zaventem et ces satanés avions qui doivent – de toute façon - survoler des zones habitées, qu’elles soient bruxelloises (à majorité francophones) ou flamandes. Le jeu politique est simple : dans le cas présent, ce seront les populations flamandes qui seront épargnées, au détriment des francophones (et flamands) de Bruxelles.
Tout ça pour maintenir le MR dans sa position gouvernementale. Que la Ministre Galant ait transgressé – en toute connaissance de cause – les règles des marchés publics, en fait tout le monde s’en fout. Même moi. L’enjeu principal n’est pas là : c’est juste l’exercice du pouvoir qui importe les acteurs de ce malheureux vaudeville. Au-delà de cet enjeu proche, il en est un bien plus important, mais qui visiblement n’intéresse pas les protagonistes du spectacle : la confiance des citoyens dans le jeu politique. Comment pourrais-je, moi, simple citoyen, accorder une quelconque confiance à des politiciens qui non seulement bafouent les règles indispensables des marchés publics, mais qui en plus n’y voient qu’une simple « imprudence », tout simplement parce qu’il faut sauver des têtes au risque de perdre la sienne ? Et qui sont dès lors prêts à tout pour sauver celle-ci !
Pauvre Belgique ! Pauvre démocratie !