Les Sarracenia sont des plantes carnivores gloutonnes
Le frelon asiatique (Vespa velutina), qui aurait été introduit en France en 2004 via des conteneurs de poteries chinoises importées en Lot-et-Garonne, et prolifère depuis, est un redoutable prédateur pour les abeilles.
Face à la menace grandissante qui pèse sur leur ruche pédagogique, le Muséum d’histoire naturelle de Gaillac (Tarn) a récemment décidé d’installer près de celle-ci des plantes carnivores du genre Sarracenia, à titre expérimental, afin de tenter de réguler la population de V. velutina. Les premières observations sont encourageantes : les frelons sont réceptifs aux stimuli visuels et olfactifs des plantes, et des individus sont régulièrement piégés dans les fameux cornets végétaux.
On rappelle souvent qu’installer des plantes carnivores n’est pas une bonne solution pour se débarrasser d’insectes indésirables. Mais alors comment expliquer les résultats prometteurs du Muséum de Gaillac ?
Tout d’abord, « réguler » n’est pas « éliminer ». Les responsables du Muséum ne s’attendent pas à voir le frelon asiatique disparaître après l’introduction des plantes carnivores, mais plutôt à constater une diminution de sa population, de façon à rétablir un certain équilibre.
Lorsqu’on nous demande si des plantes carnivores peuvent être une solution contre les insectes nuisibles, c’est généralement pour une application à l’intérieur du domicile. Or, une culture intérieure à l’air libre n’est pas adaptée aux besoins de ces végétaux (manque de soleil et/ou d’humidité à court terme, de variations saisonnières à long terme…), sans compter qu’une plante carnivore peu exposée à la lumière attire moins d’insectes. De bonnes conditions dans la durée sont garantes de végétaux en bonne santé, forts de 100% de leurs capacités d’attraction et de capture. Et à Gaillac, les sarracénies sont placées à l’extérieur, comme il se doit.
Enfin, le frelon est installé localement – en nids. De fait, bien que la quantité d’individus soit suffisante pour provoquer certaines nuisances, leur nombre est limité en comparaison avec des indésirables pulluleux tels que mouches et moustiques. Ceci se combine au fait que les Sarracenia sont, parmi les plantes carnivores qui peuvent être cultivées à l’extérieur en France, celles qui ont les plus gros pièges et donc la capacité d’ingestion la plus importante.
À plus d’un titre, le cas du Muséum de Gaillac est particulier. Il est donc préférable de cultiver les plantes carnivores pour leur beauté fascinante et leur mode de vie unique plutôt que pour leur capacité à faire office d’insecticide naturel.