Algérie: 13 morts dont un ingénieur français dans deux attentats

ALGER - AFP-l’Algérie était sous le choc lundi au lendemain d’un double attentat ayant visé une entreprise française près de Lakhdaria (est d’Alger) et fait 13 morts, dont un ingénieur français, selon des sources locales et deux morts selon une source gouvernementale.

Le ministère algérien de la Défense a estimé “sans fondement” les informations faisant état de 13 morts comme l’ont indiqué dimanche des sources locales.

“L’attentat a fait deux morts, un ressortissant français et son chauffeur de nationalité algérienne travaillant pour une entreprise française de travaux publics”, a indiqué lundi le ministère dans un communiqué.

Le parquet antiterroriste de Paris a de son côté ouvert une enquête préliminaire, confiée à la Direction de la surveillance du territoire (DST) et visant les chefs d’assassinats et d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

L’entreprise française de BTP Razel, qui employait l’ingénieur Pierre Nowacki tué dans l’attentat à l’âge de 57 ans, a elle rappelé en France les trois Français qui travaillaient sur un chantier de réparation d’un tunnel ferroviaire.

“Pendant un certain temps, le chantier peut fonctionner sans personnel français”, a déclaré le directeur de la communication de l’entreprise Jean-Marie Sifre.

Pierre Nowacki, dont le corps doit être rapatrié “dans les meilleurs délais”, a été tué par l’explosion d’une bombe actionnée à distance au passage de sa voiture. Son chauffeur algérien a également été tué.

Il travaillait depuis mars à la réparation du tunnel ferroviaire d’Ammal à Beni-Amrane, endommagé à la suite de la collision d’un train de transport de carburant et d’une locomotive.

C’est la deuxième fois depuis le 21 septembre que des Français sont visés par un attentat, mais c’est le premier Français tué dans un attentat islamiste depuis 1994. Entre septembre 1993 et la fin de l’année 1994, 71 étrangers, dont 22 Français, avaient été tués dans des attentats en Algérie.

Une trentaine de minutes après l’exploion de la première bombe, une deuxième bombe a explosé visant l’équipe de secours et l’escorte de l’ingénieur français. Les autorités ont démenti que l’explosion ait fait huit morts parmi les forces de sécurité et tué trois agents de la protection civile.

“Je suis inquiet par ce retour en force du terrorisme, malgré le déploiement d’un important dispositif de sécurité autour d’Alger”, a réagi un technicien supérieur des télécommunications.

Les deux attentats simultanés, qui n’avaient pas été revendiqués lundi après-midi, relèvent, selon les spécialistes, du mode opératoire habituel d’Al-Qaïda, qui s’articule autour d’une opération de diversion pour attirer les forces de l’ordre et d’une attaque sur sa cible principale visant à faire le maximum de dégâts.

Ils portent à cinq le nombre d’actions islamistes en cinq jours aux confins de la Kabylie, où la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, reste particulièrement active.

Le président français Nicolas Sarkozy a condamné “les violences barbares” et exprimé “la pleine solidarité de la France”, dans un message adressé à son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika.

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a de son côté appelé les Français à continuer de travailler en Algérie. “C’est un pays où nous devons travailler, où les rapports commerciaux, amicaux, sont très importants, et il faut les développer”, a-t-il déclaré sur la radio RTL. Reconnaissant dans le même temps que l’Algérie était “un pays dangereux”, il a aussi appelé les résidents français à “être prudents”.

A Madrid, le gouvernement espagnol a pour sa part “fermement condamné” la récente vague d’attentats en Algérie.

Par Hassen ZENATI