Ce développement n’est pas anodin, alors que de très nombreux cancers de la prostate sont traités à l’abiratérone mais que beaucoup d’entre développeront une résistance au médicament, avec de surcroît un cortège d’effets secondaires désagréables.
Ce test qui permet donc de détecter la résistance d’une tumeur à l’abiratérone est basé sur l’examen des gènes anormaux, dans l’ADN de tumeurs cancéreuses de la prostate, présents dans le sérum sanguin. Le test, précisent les auteurs de l’Université de Trente (Italie) et d’autres instituts de recherche, dont le Weill Cornell (US), ne nécessite pas de biopsie. L’équipe a travaillé sur les données d’une étude de cohorte portant sur les liens entre les mutations génétiques spécifiques dans l’ADN de la tumeur et les effets de l’abiratérone. Les chercheurs ont recueilli des échantillons de sang de 97 patients atteints d’un cancer avancé de la prostate, qui ne répondaient plus à leur premier traitement, mais n’avaient pas encore commencé l’abiratérone. La recherche s’est concentrée sur les mutations génétiques qui affectent les récepteurs androgènes du cancer, ceux-là même qui sont bloqués par l’abiratérone et a évalué la réponse au médicament en regardant les niveaux d’antigène prostatique spécifique (PSA) (qui augmente en cas de cancer de la prostate). La réponse au traitement était jugée satisfaisante en cas de réduction de 50% au moins des niveaux de PSA.
L’analyse montre que :
· Les patients à mutations du gène du récepteur des androgènes sont évidemment beaucoup moins susceptibles de répondre à l’abiratérone, soit une probabilité divisée par 5 de réponse partielle et divisée par 8 de réponse complète.
· Ces mêmes patients ont un pronostic de survie réduit (divisé par 7,33) (sur la durée de suivi), et de rémission sans progression également réduit (divisé par près de 4).
Un test permettant de détecter ces aberrations génomiques dans l’ADN tumoral permet donc aussi de prédire la réponse au traitement par abiratérone. Des patients présentant ces mutations devraient donc plutôt être orientés vers la chimiothérapie ou la radiothérapie. A ces données s’ajoutent aussi, le coût très élevé du traitement par abiratérone. Enfin, si ces résultats doivent encore être confirmés par de plus larges études, ils n’en sont pas moins prometteurs, car ils contribuent à faire progresser le traitement du cancer de la prostate, de manière plus personnalisée.
Source:Science Translational Medicine November 4 2015DOI: 10.1126/scitranslmed.aac9511Plasma AR and abiraterone-resistant prostate cancer