Victoire de N. Sarkozy ?? l'??lection pr??sidentielle

C'est avec une joie certaine que j'ai appris la nette victoire de N. Sarkozy (53,06% des voix) ?? l'??lection pr??sidentielle. Ce tr??s bon score et le taux de participation tr??s ??lev?? lui donne une l??gitimit?? incontestable pour entreprendre les r??formes pr??vues dans son programme pr??sidentiel. Comme beaucoup d'autres, je n'ai  m??nag?? ni mon temps ni ma peine dans cette campagne, et cette victoire est le r??sultat de l'unit?? et de la dynamique que N. Sarkozy a su cr??er, dans son parti puis au-del??, autour de sa personne et de son programme.

Mais le pr??sident de la R??publique n'est plus simplement le repr??sentant d'un parti : il doit devenir le repr??sentant de tous les Fran??ais. N. Sarkozy a parfaitement pris la mesure de sa nouvelle fonction dans le discours qu'il a prononc?? salle Gaveau ?? l'issue des r??sultats. Il y avait devant lui deux mille partisans enthousiastes, mais c'est ?? tous les Fran??ais que, grave, il s'est adress??. J'ai particuli??rement appr??ci?? les mots qu'il a eus pour S??gol??ne Royal.

"Mais ma pens??e, a-t-il dit, va ?? madame Royal. je veux lui dire que j'ai du respect pour elle et pour ses id??es, dans lesquelles tant de Fran??ais se sont reconnus. Respecter madame Royal, c'est respecter les millions de Fran??ais qui ont vot?? pour elle. Un pr??sident de la R??publique doit aimer tous les Fran??ais, quelles que soient leurs opinions. Ma pens??e va donc ?? tous les Fran??ais qui n'ont pas vot?? pour moi ; je veux leur dire que par-del?? le combat politique, par-del?? les divergences d'opinions, il n'y a qu'une seule France."

Certains ?? gauche diront sans doute que ces mots pour sa concurrente et pour les Fran??ais qui l'ont soutenue ??taient la moindre des choses. Peut-??tre, mais cela ne va pourtant manifestement pas de soi pour tous, ?? ??couter le discours tenu hier par S. Royal, qui n'a pas daign?? f??liciter N. Sarkozy, et s'est content??e de "souhaite[r] au nouveau pr??sident de la R??publique d'accomplir sa mission au service de tous les Fran??ais". Qu'est-ce, sinon sous-entendre insidieusement que N. Sarkozy risque d'??tre le pr??sident d'un clan et non de la France ?

Fran??ois Bayrou ne s'est pas mieux comport??. Il a certes f??licit?? N. Sarkozy pour son ??lection, mais c'??tait pour ajouter imm??diatement : "Je pense ?? ceux, autour de lui, qui se r??jouissent ce soir, en pensant qu'un grand pas a ??t?? fait pour eux et pour leur pays. Je souhaite de toutes mes forces qu'ils aient raison." Autrement dit, par antiphrase, "je n'en crois rien". En tenant un tel discours, Fr. Bayrou continue ??videmment d'envoyer des signaux aux ??lecteurs de centre gauche, mais je consid??re son attitude irresponsable, car  ce genre d'appel implicite ?? la vigilance un soir d'??lection n'est pas pour apaiser un certain nombre d'esprits qui croient r??ellement la d??mocratie en p??ril.

La salle Gaveau ??tait totalement acquise ?? N. Sarkozy ; elle ??tait pr??te ?? huer madame Royal. D'un geste de la main, et d'un mot ("non !"), N. Sarkozy a fait taire cette joie un peu haineuse, et en quelques phrases qui appelaient au respect, il a fait applaudir madame Royal et ceux qui ont vot?? pour elle. C'est cela, ??tre un homme politique responsable !

Parce que les luttes politiques ne sont pas seulement guid??es par la raison, mais aussi par les passions, les hommes politiques ont un grand pouvoir sur la foule, et cela leur donne moins des droits que des devoirs envers le peuple. Il serait bon que certains responsables politiques, ?? gauche et au centre, r??fl??chissent ?? cette question et m??nent un combat d'id??es plut??t que de r??pandre la fausse crainte d'une confiscation de la d??mocratie par le vainqueur.