Le thé noir japonais est un genre que j'avais un peu mis de côté, genre encore adolescent, où beaucoup de progrès restent à faire. Pourtant, le niveau augmente peu à peu, et après avoir vu aux Nihon-cha Awards 2015 que le thé noir était le genre le plus représenter (pour le meilleur et pour le pire) après le fukamushi-cha (je pense que ce bout de phrase en dit beaucoup sur l’état à actuel du thé au Japon), il m'a semblait qu'il était impossible d'ignorer ce "phénomène".
Voici donc deux thés noirs issus de récoltes d'été.
Le premier est un Benifûki millésime 2013, et l'autre un Fuji-kaori millésime 2015.
Benifûki est probablement le plus répandu des cultivars japonais à thé noir. Enregistré en 1993, il est le croisement de Benihomare (premier cultivar à thé noir japonais enregistré en 1953, qui fut sélectionné à partir d'une graine d'un théier indien de type Assamica) et d'une variété chinoise (Cd86).
Ce thé 2013 est simplement très réussi, globalement sans défaut d'oxydation, alors que les versions 2014 et 2015 m'ont semblé bien moins maitrisées. C'est aujourd'hui le gros point noir de la production de thés noirs et de thés types wulong au Japon, l'instabilité de la qualité, bref, l'impression qu'un thé très réussi le doit en parti au hasard.
Les arômes et les senteurs de ce thé noir sont dominées par le cuir et le fruit confit. Au nez en particulier, on trouve des senteurs chaleureuses herbes médicinales sèches.
En bouche, avec une touche d'astringence tannique, juste ce qu'il faut selon moi à un thé noir, la liqueur montre de la force, et un certain volume. Vient ensuite une impression qui rappelle des agrumes un peu amers d'abord, puis plus fruités, sucrés ensuite.
C'est un bouquet de saveurs très riche qu'offre ce Benifûki de Ureshino.
La force de la liqueur, son impact en bouche changera bien sûr beaucoup selon les paramètres d'infusion. Infusion longue ou infusions courtes fortement dosées, il est très souple.
Avec le Fuji-kaori, nous avons un thé noir radicalement différent. Fuji-kaori est issu du croisement de Yabukita et de Shizu-Inzatsu 131, ce dernier, bien que cultivar à thé vert étant le fruit du croisement d'une variété de Assam et d'une variété japonais. Fuji-kaori est aussi un cultivar à thé vert ou semi-fermenté. Il est connu pour son parfum évoquant celui du jasmin. M. Ôta utilise la première récolte pour un kama-iri cha (encore dispo sur Thés du Japon au moment ou j'écris ces lignes), et la second pour ce thé noir hors norme, j'ai envie de dire qui ne peut être produit qu'au Japon.
Nous avons là un thé aux senteurs fraiches, un peu épicées, et surtout très florales, qui mettent clairement en avant le caractère de ce cultivar unique.
Ce thé est très intéressant car il arrive à transformer les défauts de certains thés noirs japonais en qualité aromatique.
Ces deux thés noirs de Ureshino possèdent des caractéristiques très nettes. Très différents, ils me semblent l'un et l'autre être des modèles excellents de thés noirs typiquement japonais.