nMaxPhoto = 2;”L’épilation, c’est à cause des collants, l’hiver. Mais de toute façon, mon épouse me préfère comme ça”, observe-t-il, un sourire goguenard dans sa barbe taillée, jupe kaki et claquettes aux pieds.
A 46 ans, Pascal est un vieux routier de la jupe. “J’ai démarré il y a 23 ans. Un soir, ma femme m’a travesti. J’ai aimé la jupe mais pas le reste. De temps en temps, quand elle jetait les siennes, je les gardais”, raconte-t-il.
Ancien militaire, Pascal quitte alors le pantalon à l’occasion, dans l’intimité de sa maison. “Mais pas devant les gosses”, s’empresse-t-il de rajouter. “Je me posais des questions. Me demandais si j’étais normal.”
La révélation intervient à l’automne 2006. Les jupes pour hommes deviennent tendance chez les grands couturiers. Pascal s’engouffre dans un magasin de prêt-à-porter féminin de Vesoul (Haute-Saône). Vendeuse et clientes sont conquises. Il en ressort le mollet aéré et l’esprit dégagé.
“Le futal, c’est pour le boulot, quand je bricole ou quand je fais de la moto”, explique-t-il. Le reste du temps, la jupe, assumée, est de rigueur.
La métamorphose est plus récente pour Christian (son prénom a été changé), 41 ans, artisan à Metz. Plus douloureuse aussi. Marié depuis 8 ans, père d’un enfant, Christian dit avoir ressenti “un déclic” en novembre dernier.
“J’en ai parlé à ma femme. Ca a été très chaud. On était proche du divorce”, raconte-t-il en tirant sur sa jupe blanche. “Je l’ai pris comme une tromperie. Pour moi, un homme, c’est viril et c’est en pantalon. La jupe, ça ne me fait pas rire”, reconnaît sa compagne.
Porter ce petit bout de tissu pour les hommes est donc tout sauf un jeu de dupe. “Il n’est pas rare que certaines femmes ou copines de nos membres les quittent parce qu’ils portent la jupe”, constate Dominique Moreau, président de l’association HEJ (Hommes en jupe), dont Pascal et Christian sont adhérents.
Pascal a dû tirer un trait sur ses parents, qui vivent pourtant comme lui dans un petit village de 180 habitants en Haute-Saône. “Mais je n’ai perdu aucun ami, et j’en ai gagné beaucoup”, se félicite-t-il.
Christian n’en a parlé qu’à sa mère, qui lui a demandé s’il était homosexuel. Il met ses jupes partout sauf à Metz, où il travaille, par crainte de perdre sa clientèle.
“C’est du formatage, enrage Pascal. Ailleurs, on porte le sari, la djellabah. (…) Ici, les femmes ont le droit de tout nous prendre, jusqu’au noeud papillon. Mais nous n’avons pas le droit de reprendre ce qui nous a toujours appartenu”.
La jupe se comprend alors comme le dernier instrument de revendication masculine. La mode pour homme du troisième millénaire abhorre les petits doigts sur les coutures de pantalons.
Par: Blog-a-la-Une.fr