IoT, quels usages dans les services financiers ?

Publié le 09 novembre 2015 par Patriceb @cestpasmonidee
Selon les analystes, l'internet des objets (IoT – « Internet of Things » – pour l'acronyme anglais) est promis à un brillant avenir, dans lequel tout ce qui nous entoure devient une source d'information communicante, ouvrant la voie à une multitude d'applications plus utiles les unes que les autres, mais qui, pour la plupart, restent à imaginer…
Si certains usages sont faciles à concevoir, par exemple dans les environnements industriels, où le « matériel » est omniprésent, les relations possibles entre des objets physiques et le secteur financier – de plus en plus dématérialisé – sont moins flagrantes. Le cabinet Deloitte a récemment publié une note sur le sujet, tentant d'identifier les opportunités que pourrait créer pour les banques et les compagnies d'assurance la vague d'objets connectés qui s'apprête à déferler dans notre quotidien.
Naturellement, les premières mises en œuvre ont déjà commencé. Parmi les plus visibles pour le commun des mortels, il est impossible de ne pas citer les offres « Pay How You Drive » d'assurance automobile modulant les primes en fonction du comportement du conducteur, mesuré par un petit module relié au véhicule, voire par son propre smartphone. Suite logique, les déclinaisons autour de l'habitation – avec la maison connectée – ou dans l'immobilier commercial arrivent très rapidement.
Cependant, en comparaison de ces quelques cas, dont la particularité est de cibler directement le « support » du métier concerné, la projection de l'internet des objets sur la banque de détail, les marchés de capitaux, la gestion d'investissement… n'est envisageable qu'à travers des applications dérivées. Or, non seulement celles-ci comportent-elles plus d'incertitudes (dans leur faisabilité et dans la valeur qu'elles délivrent) mais elles devront également faire face à plusieurs obstacles spécifiques.

Ainsi, une bonne partie des usages proposés par Deloitte concerne la mesure de performance. Il pourrait s'agir d'exploiter les données fournies par les capteurs disséminés dans un appartement pour confirmer sa valorisation avant d'accorder un crédit à son propriétaire, d'accéder aux informations de fret afin de vérifier le niveau d'activité d'une entreprise à la recherche d'un financement ou bien de suivre les paramètres météorologiques locaux dans la relation commerciale avec un exploitant agricole.
La principale difficulté avec ces idées est qu'elle ne pourront être exploitées que de manière très partielle, pendant encore très longtemps. En premier lieu, la généralisation des objets capables de les concrétiser prendra des années. D'autre part, la position d'utilisateur dérivé du secteur financier fait que les équipements effectivement mis en œuvre risquent de ne pas être entièrement adaptés à leurs besoins (la mesure de trafic d'un magasin peut se satisfaire de géolocalisation, tandis qu'un établissement de crédit aurait besoin de corrélation avec le chiffre d'affaires, par exemple).
Autre interrogation majeure, celle de l'accès aux objets et aux données qu'ils collectent. Faute d'en être propriétaires, les institutions financières devront demander à leurs clients de leur fournir. Malheureusement, comme le démontre aujourd'hui l'assurance automobile à l'usage, les réticences sont fortes parmi les consommateurs. Les professionnels pourraient avoir aussi leurs réserves, notamment si les informations requises sont susceptibles de révéler des avantages concurrentiels et autres secrets industriels.
En conclusion, l'impact de l'internet des objets sur le secteur financier ne se fera probablement pas sentir à court terme, à la seule exception des domaines dans lesquels l'entreprise est en mesure et, surtout, possède la légitimité d'équiper ses clients. Pour le reste, les cas d'usages restent bien flous et ce n'est, en réalité, qu'avec l'apparition (encore hypothétique) de « brokers d'information » – fédérant et redistribuant les données captées – que des applications pourront (enfin ?) prendre corps.