Dans les Échos du 9 novembre 2015
« Ce pays qui te ressemble » : le Caire, nid d’espoirs
par Thierry Gandillot
Tobie Nathan
Zohar est un miraculé. Ses parents avaient peu de chances de se rencontrer et de s’aimer. Motty, son père, est aveugle. On le croit perdu pour le mariage jusqu’au jour où on lui présente Esther, une jeune fille un peu simplette qu’on dit sorcière. Et pourtant, Motty, récitant accompli du Cantique des cantiques, et Esther, la réprouvée, vont s’aimer follement dans ce ghetto juif du Caire. Aucun enfant ne naissant de leur union, il faudra le secours d’une magicienne pour qu’Esther tombe enceinte. Mais Zohar et sa mère manquent de mourir pendant l’accouchement. Et il faudra un nouveau recours à la magie.
Zohar n’est pas pour autant sorti d’affaire. Il refuse obstinément le sein de sa mère. Il faudra aller chercher dans la fange du Delta une jeune femme qui vient d’accoucher d’une petite fille, Masreya. Elle sera la sœur de lait de Zohar. Pendant des années, ils seront séparés, ignorant qui ils sont l’un pour l’autre jusqu’à ce que le destin, le désir, les dieux ou l’inconscient – au choix, Tobie Nathan est ethnopsychiatre – les réunisse dans un même élan passionnel. Pendant son enfance, Zohar refuse de parler, multiplie les fugues et court les rues sans qu’on sache ce qu’il fait. Tobie Nathan raconte son ascension vers les hautes sphères du pouvoir. Car l’Egypte, dans ces années-là, est un chaudron où s’agitent fidèles de Farouk, bourgeois modernistes, communistes, pro et anti-anglais, pro et anti-nazis, islamistes modérés et radicaux, juifs riches et pauvres
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Tout se mêle, magie, politique, religion, amour, sexe et corruption, dans une épopée qui fait parfois penser au cycle des « Mangeclous » d’Albert Cohen. Une référence. Nathan a raté le Goncourt, Cohen aussi.
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