Le Pérou et l'espagnol, 2 choses inconnues - Quentin Bischoff

Publié le 09 novembre 2015 par Slackline.fr

Quentin Bischoff est l'un de nos ambassadeurs. Une personne présente avec nous à l'occasion sur les événements et avec qui nous avons des points communs. Il est bien évidemment habile sur une highline, waterline ou longline, mais joue aussi de l'objectif. Il est souvent en vadrouille, et cette fois il est parti à l'autre bout du monde pour plusieurs mois.

   Je me suis envolé pour le Pérou le 7 octobre dans le but de découvrir une nouvelle culture, celle de ma copine qui en est originaire. Ce qui me permet d'éviter tout le circuit du backpacker classique et de m'introduire directement dans une famille péruvienne.

    Je ne parlais pas un mot d'espagnol au début de ce voyage, j'en apprend tout les jours. Je reviendrais en France le 7 mai pour un nouvel été pleins de projets tournés autour de la slack, j'en suis sure. En attendant je voudrais partager une expérience inédite pour moi. Partir avec des locaux installer une highline, dans un pays qui m'est inconnue et vivre à leur manière sans capter quoi que ce soit de ce qu'ils disent :-)

 Il est 14h, je mange au restau' avec la famille de ma chère Maria, mais le temps me manque pour déguster les délicieux mets que le Pérou m'offre. Ca fait maintenant 3 semaines que j'ai atterri dans cette étonnante partie du monde. J'ai rendez vous dans 30 minutes avec une bande de gars que j'ai à peine rencontré il y a 2 jours pour partir faire de la highline en "haute montagne". Je me presse, saute dans un taxi et essayer de parler quelques mots avec le chauffeur et me voilà arrivés. Je passe à coté d'un 4x4, on me hèle. Ca y est, on me parle en espagnol et je n'ai plus d'interprète. Je leur explique que je débute dans cette langue, ils parlent tous anglais. Ouf. On attend un dernier pote et nous voilà partis vers le nord. On met bien 2h à quitter cette énorme mégalopole qu'est Lima, ça ne s'arrête pas.


Peu à peu, je discerne le désert sur lequel est bâti cette cité. Il ne va pas nous quitter pendant les heures où nous filons à travers ces longues lignes droites. On fait connaissance, et on me montre une plaquette de là où on se dirige. Hatun Machay, ce nom qui raisonne comme un lieu sacré indien. La nuit tombe ça fait 5 heures qu'on roule. On s'arrête un moment s'acheter de quoi vivre 3 jours là haut et on repart. Ca y est on entame la montée, une très longue puisque on va à plus de 4000m d'altitude. D'un coup on s'arrête, je ne sais pas pourquoi. Je ne veux pas paraitre lourd avec mes questions. Tout le monde s'est endormis, le temps se fait long. Je craque et demande. On attend simplement que le moteur refroidisse. On repart et d'un coup le 4x4 bifurque sur un chemin de terre. C'est long, il est maintenant 1h du matin. "Is this the right direction?", "We hope". Le chemin se finit dans un petit village, on s'est planté. On verra demain, on pose la tente pour 4 et on y dort à 5. Réveil à 5h, très rude. Mais pourquoi 5h? Ils demandent à des femmes étonnées par le 4x4 où est le site et on file. Quel levé de soleil magnifique. Je découvre enfin le paysage montagneux. Un ciel bleu où des nuages caressent la cime de grandes collines désertiques. Pas un arbres.
Le chemin se finit par une maison en pierre. Les chiens aboient, un homme sort et nous invite à prendre le petit dej'. Je comprend seulement plus tard que c'est le gite et qu'on dormira dans la petite maisonnette en paille au fond du jardin. Qu'ils prennent leur temps ces péruviens. Entre faire le petit dej, où je me goinfre de peur qu'ils me disent qu'on ne mange pas à midi, et le check du matos pour monter 2 lignes, il se passe 2 à 3h. Ca y est on décolle, le spot est à 30 min à pied. C'est cadeau. Peu à peu l'endroit se découvre. C'est un paradis pour grimpeur. Une forêt de rochers s'étallant sur 200 hectares. Un paysage extraterrestre comme posé au milieu de rien.

La plus grande des lignes est évidente. Elle s'appelle Fiki fini. J'ai hâte de marcher sur la sangle. Je me pose beaucoup de questions. Ma dernière tentative en highline était un échec. 80 mètres au mhp sans tension, j'étais terrorisé. Et puis on est quand même haut, on sent qu'il manque un peu d'oxygène. Comment vais je réagir? On en mettra du temps à installer ces 2 lignes, une de 25 mètres et une de 55 mètres. Les mots anglais me manque en terme d'équipement et ils n'ont pas une expérience folle en matière de corde. La communication est compliqué. Je voudrais leur donner des conseils. On mettra 4 heures. Je reste patient. Je me lance en premier sur la ligne, pas serein. Même si tout a été fait dans les règles de l'art, ce n'est pas mon matos. La ligne est lourde et bien tendu. J'enchaine la moitié de la ligne au premier essai malgré le froid qui meurtrit mes pauvres mains. J'ai peur du leash. Hugo Flores fait une première tentative après moi, c'est pas facile. Il catch une bonne dizaine de fois.

La sangle est neuve et devient molle. Je refait un essai avant la pluie et le froid. La tension rend la traversée difficile mais je m'amuse sans chercher à la traverser. L'altitude n'affecte pas vraiment mon effort. Nous rentrons au gite devant un paysage coloré et pluvieux à coupé le souffle.
Le gite est chaleureux, c'est dur de sortir et d'aller s'introduire dans le duvet, il doit faire 0 degré. Je ne m'endors pas sans difficulté, mon voisin ronfle. Le matin, on prend notre temps, un bon petit dej à la péruvienne, un bol de mate de coca et on s'y jette. Il fait beau, il faut en profiter. A cette altitude le temps change en 5 minutes. Je suis le premier sur la sangle avant de la retendre. Je vais me sortir le leash de la tête et tente des expos, par miracle ça tient (je veux dire par là les expos). J'en enchaine plusieurs face au paysage grandiose, j'en ferais plus souvent à l'avenir.

La journée se dégrade rapidement, on décide d'aller découvrir le site dans le brouillard et faire un peu de grimpe pour avoir une meilleure vue. Les formes qui se dessinent nous laisse distinguer tout un tas d'animaux, et de visages. La barrière de la langue n'est pas importante. C'est une drôle d'expérience pour moi. Ils communiquent entre eux dans un argot espagnol mais j'ai l'impression de les comprendre et rigole bêtement à leurs blagues. On doit rentrer, il pleut beaucoup maintenant et ils n'ont rien d'imperméable. Le temps de manger et de tout sécher au coin du feu nous allons nous coucher.

Le lendemain matin je me réveille dans un mauvais jour. Je m'en veux de ne pas essayer de traverser cette highline. Je pars slacker sans vraiment y croire et me pose tout un tas de questions sur le voyage et ma motivation en général. Qu'est ce que je fous là? Je m'engage en premier sur la sangle, énervé. Je fais le vide et tombe à la moitié. Je me sentais bien, il ne manquait pas grand chose. Je tente le retour, fais un faux départ et repars aussitôt. Cette fois c'est la bonne je ne lâche rien et la traverse sans trop de difficulté.


Ce n'est pas la plus haute highline du monde. Lukas Irmler a installé une ligne de 21 mètres à 5300 mètres sur les flans de la montagne Yanapaccha pas très loin de là où on été. On rentre actuellement dans la saison des pluies qui finis début avril. Hugo connait bien le personne qui a aidé Lukas pour cette mission. Il est motivé pour essayer d'aller plus haut. Peut être un autre article à la clés… mais pas jusqu'à début avril.



Quentin Bischoff