Sur la scène jazz vocal actuelle, il y a clairement à boire et à manger. Du crooner sans âme pour ménagères aux anciennes rockeuses reconverties, il y en a certes pour tous les goûts, mais pas toujours du bon.
Dans ce capharnaüm, quelques têtes dépassent, s’en dégagent et marquent leur terrain. Esperanza Spalding est de celles-ci. Convaincue à 4 ans que la musique serait sa vie (en regardant YoYo Ma à la TV) elle enchaine un parcours irréprochable et qui a de quoi calmer plus d’un égo. C’est à dire qu’à 20 ans, quand on était encore sur les bancs de la fac ou en WEI en train de faire des jeux à boire pour se faire des nouveaux copains, elle était déjà devenue la plus jeune enseignante à la Berklee (qui compte parmi ses anciens élèves des monstres tels que Quincy Jones, Miles Davis, Keith Jarrett,…).
Pour finir de convaincre les sceptiques, elle est de celles qu’on invite à la maison blanche pour jouer une petite chanson pour l’anniversaire de Steevie Wonder, comme ça, tranquille. On peut d’ailleurs se regarder ce petit moment de magie présidentielle pour le plaisir :
A 31 ans, et après avoir exploré des genres aussi variés que le jazz, le rock ou la funk, elle annonce donc un autre de ses nombreux virages de carrière avec un projet qui nous a intrigué : Emily’s D + Evolution, son 5ème album.
Sorte d’alter ego de la prodige, Emily’s D va nous dévoiler musicalement des envies passées encore non exploitée dans son répertoire. On peut donc s’attendre ici à un album encore plus libre, plus créatif, et encore plus puissant. On sait d’ores et déjà que sa carrière sera riche en pépites mais on peine tout de même à s’imaginer à quoi ressemblera cette épopée dans la tête du génie. On peut tout de suite laisser la parole à la jeune femme qui nous raconte le projet de la tournée qui a précédé l’album :
Alors Esperanza est-elle en train de nous faire une crise d’identité ou s’essaye t’elle à l’accouchement de son Ziggy Stardust à elle ? En tout cas la jeune protégée des monstres de la belle époque défraie déjà la chronique et provoque, aussi simplement qu’elle nous sort ses mélodies improbables, une attente énorme. Pour en avoir le cœur net et pour mettre un son sur l’idée, un live datant de cet été, lors de cette fameuse tournée avec un de ses titres, «Judas» :
Équilibre parfait entre liberté et précision, changement de personnage ou pas, nous retrouvons en tous cas l’exigence et la virtuosité de ses albums précédents. Esperanza semble vouloir nous emmener dans un univers Fusion / jazz rock pêchu et puissant dans lequel elle conserve toute sa maitrise. En témoigne le premier extrait de l’album dont la sortie officielle est prévue pour début 2016 (oui c’est très loin), « One » qu’on s’écoute tout de suite en trépignant tels des sapajous impatients que nous sommes :
Charly
Chroniqueur du Limo, musicien du dimanche et boulimique de vinyle, j'aime fouiner dans les caves parisiennes et d'ailleurs.J'aime aussi monter les blancs en neige pour la tarte au citron, mais c'est un autre sujet.
Mon Cocktail Préféré :
Je ne bois que du whisky japonais.
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