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Polis

Publié le 09 novembre 2015 par Cdsonline

NothingLa véritable action politique aujourd'hui n'est pas de dénoncer l'inégalité entre les différents petits autres devant l'autorité d'un grand Autre - ce genre de "critique" ne fait que conforter les oppositions en présence et aggraver la situation - mais bien de subvertir les positions du grand Autre.

Qu'est-ce que ça veut dire?

À notre époque, la plus grande productrice de déchets de toute l'histoire de l'humanité, chaque petit autre, notre semblable, s'est vu ravalé à sa fonction d'être déchu, perçu comme faillible, imparfait, impuissant, irresponsable, humain trop humain...

Cette perception du petit autre comme déchet permet de conserver une idée de l'Autre inentamée, l'au-delà d'une promesse d'infaillibilité, toujours reportée, toujours à venir, nourrissant l'emballement de la locomotive du progrès techno-scientiste: demain on...

La seule manière de miner (en soi et pour soi) l'autorité de ce grand Autre est d'apprendre comment s'extraire de l'emprise du Discours Capitaliste (hégémonique dans tous les médias dits d'information) qui se soutient du miroitement hypnotique d'un "Tout est possible!" (ou le sera un jour...), en se sensibilisant au Discours Analytique, le seul à réinscrire par la logique l'impossible comme Réel (le Réel ayant institué la division du sujet que nous sommes).

Le Discours de l'Analyste ne commande pas, et en ceci il est déjà l'envers du Discours du Maître, il ne commande pas ni ne recommande, ce qui permet de se dégager des sempiternelles pulsions de soumission et de domination, de séduction et de manipulation, une prise de distance avec l'Autre qui - grâce à un jeu des places, où la place vide se différencie de ce qui l'occupe, sujet et objet - offre cette fois la promesse d'un lien social authentique, basé sur la parole qui engage, l'autre ayant pris le pas sur l'Autre.

"La position du psychanalyste ne laisse pas d'échappatoire puisqu'elle exclut la tendresse de la Belle Âme" (JL)

Comme le dit déjà avec la plus grande pertinence Saint-Paul : « Car pour nous la lutte n'est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les cosmocrates [kosmokratoras] de ce monde de ténèbres, et contre les esprits mauvais qui sont dans les cieux ».

Ou, si l'on traduit dans le langage d'aujourd'hui : « Pour nous, la lutte n'est pas contre tel ou tel individu corrompu, mais contre ceux au pouvoir, contre leur autorité, contre l'ordre global et la mystification idéologique qui étaye celui-ci. » (Slavoj Žižek)

S'engager dans cette lutte implique de prendre à son compte la formule de Badiou, mieux vaut un désastre qu'un désêtre* : mieux vaut courir le risque et s'engager dans la fidélité à un Événement-Vérité, même si cela finit en catastrophe, que de végéter en mode survie – la survie utilitaro-hédoniste, si pauvre en événements, de ce que Nietzsche a appelé « le dernier homme ».

Ce qu'il nous faut rejeter est donc l'idéologie libérale de la victimisation, laquelle réduit la politique à un programme d'évitement du pire, au renoncement à tout projet positif et à la poursuite de l'option la moins mauvaise – et encore est-ce sans compter que, comme Arthur Feldmann, un écrivain juif viennois, l'a amèrement noté, notre survie se paie généralement au prix de notre vie."


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