Selon le bulletin annuel de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur les gaz à effet de serre, "le forçage radiatif, qui a pour effet de réchauffer le climat, s'est accru de 36 % entre 1990 et 2014 à cause des gaz à effet de serre persistants, notamment le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d'azote (N2O), d'origine industrielle, agricole et domestique."
- Le dioxyde de carbone (CO2) a contribué pour quelque 83 % à l'augmentation globale, sur les dix dernières années, du forçage radiatif induit par les gaz à effet de serre persistants. Sa concentration à l'ère préindustrielle, qui était d'environ 278 ppm, représentait un état d'équilibre entre l'atmosphère, les océans et la biosphère. Les activités humaines, en particulier l'exploitation des combustibles fossiles, ont perturbé l'équilibre naturel, et en 2014, la teneur de l'atmosphère en CO2 s'établissait, en moyenne mondiale, à 143 % de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle, soit à 397,7 ppm, le taux d'accroissement annuel étant proche de la moyenne des dix dernières années. Le seuil des 400 ppm devrait être franchi en 2016.
- Le méthane (CH4) est le deuxième plus important gaz à effet de serre. Environ 40 % des rejets de CH4 dans l'atmosphère sont d'origine naturelle (zones humides, termites, etc.) et 60 % d'origine humaine (élevage de bétail, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges, combustion de biomasse, etc.). Le CH4 atmosphérique a atteint un nouveau pic en 2014 : 1 833 parties par milliard (ppb) environ, soit 254 % du niveau qu'il avait à l'époque préindustrielle.
- Les émissions de protoxyde d'azote (N2O) dans l'atmosphère sont d'origine naturelle (environ 60 %) et humaine (environ 40 %), puisqu'elles proviennent notamment des océans, des sols, de la combustion de biomasse, des engrais et de divers processus industriels. La concentration atmosphérique de ce gaz a atteint quelque 327,1 parties par milliard en 2014, soit 121 % de ce qu'elle était à l'époque préindustrielle. Le N2O joue aussi un rôle important dans la destruction de la couche d'ozone stratosphérique qui nous protège des rayons ultraviolets nocifs émis par le soleil.
A noter : Le bulletin en question insiste par ailleurs sur l'interaction entre le CO2 et la vapeur d'eau, elle-même un important gaz à effet de serre quoique sa durée de vie dans l'atmosphère soit courte, et sur l'effet amplificateur exercé par ce gaz. De l'air plus chaud contient davantage de vapeur d'eau, et donc la hausse des températures en surface causée par le CO2 entraîne une augmentation des concentrations de vapeur d'eau à l'échelle du globe, ce qui accentue encore l'effet de serre. Ainsi, la hausse continue du CO2 se traduira par une augmentation disproportionnée de l'énergie thermique engendrée par la vapeur d'eau.
"Chaque année, les concentrations de gaz à effet de serre battent de nouveaux records et chaque année nous répétons que le temps presse. C'est MAINTENANT qu'il faut agir pour réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre et pour qu'il nous reste une chance de contenir à un niveau raisonnable la hausse des températures" alerte le Secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud.
La teneur de l'atmosphère en CO2, qui est le plus important gaz à effet de serre persistant, a atteint 397,7 parties par million (ppm) en 2014. Cette même année dans l'hémisphère Nord, les concentrations de CO2 ont franchi le seuil symbolique de 400 ppm durant le printemps, période de l'année où ce gaz est le plus abondant. Au printemps boréal 2015, c'est la concentration moyenne mondiale de ce gaz qui a passé la barre des 400 ppm.
"Nous allons bientôt vivre en permanence dans une atmosphère dont la teneur moyenne en CO2 sera supérieure à 400 parties par million", explique M. Jarraud qui précise : "Nous ne voyons pas le CO2. Or c'est une menace invisible mais bien réelle, qui se traduit par des températures mondiales plus élevées, par une multiplication des phénomènes extrêmes - vagues de chaleur et inondations notamment - , par la fonte des glaces, la hausse du niveau de la mer et l'acidification des océans. C'est la réalité d'aujourd'hui : nous avançons en territoire inconnu et la machine s'emballe à un rythme effrayant. Les lois de la physique ne sont pas négociables."
En décembre prochain, le futur de la planète, et donc de l'humanité, sera entre les mains des 195 Etats réunis en France pour la Conférence pour le climat (COP21). Espérons que les chefs d'Etats entendent cet ultime cri d'alarme car la lutte contre le dérèglement climatique conditionne l'avenir de notre monde.
Stella Giani