La prévention des allergies alimentaires devient possible grâce aux " prébiotiques "

Publié le 09 novembre 2015 par Bioaddict @bioaddict
Des chercheurs de l'Inserm viennent de découvrir que la consommation très précoce de sucres qui favorisent la croissance des bactéries de la flore intestinale, des prébiotiques, permet d'améliorer la tolérance du système immunitaire aux allergènes alimentaires.

Aujourd'hui, on estime que 8% des enfants et 2% des adultes souffrent d'allergies alimentaires. Cette progression s'explique par la baisse des capacités de notre système immunitaire à tolérer des aliments théoriquement inoffensifs. Une baisse dont on sait que les pesticides sont en partie responsables, d'où l'importance de manger bio. Or les bactéries qui entrent dans la composition de la flore intestinale jouent un rôle immunitaire majeur dans le contrôle des allergies. Des chercheurs de l'Inserm* ont donc eu l'idée de favoriser leur croissance dès les premiers mois de la vie en utilisant des sucres appelés prébiotiques.
Des résultats positifs chez la souris

Pour tester l'efficacité des prébiotiques,  ils ont administré un complément en sucres (galacto-oligosaccharides et inuline) à des souris en gestation, puis pendant la phase d'allaitement des souriceaux. Trois semaines après leur sevrage, les souriceaux ont été exposés à des protéines de blé potentiellement allergisantes. Les chercheurs ont alors constaté que les souriceaux nés de mères qui avaient reçu les prébiotiques réagissaient moins que les autres aux allergènes. Et chez les animaux allergiques, les symptômes étaient minimes, associés à des taux bas d'histamine et d'IgE typiques de l'allergie.

Par ailleurs, les auteurs de l'étude ont constaté un rétablissement de la fonction immunitaire en faveur de l'expression de lymphocytes T régulateurs impliqués dans la tolérance aux substances exogènes.

"L'ajout de prébiotiques a donc considérablement réduit la sévérité des allergies", précise Antoine Magnan l'un des co-auteurs de l'étude.

Les tests chez l'homme vont commencer

Sur la base de ces résultats très positifs, les chercheurs de l'Inserm vont donc prolonger cette étude dès 2016 chez 500 à 1 000 femmes présentant un risque de transmission d'allergie à leur enfant en raison d'antécédents personnels ou familiaux.

Ces femmes recevront des prébiotiques en gélules pendant toute leur grossesse puis pendant l'allaitement. Et si l'enfant n'est pas allaité, le complément sera ajouté dans son lait de substitution.

Les auteurs évalueront dans un premier temps l'incidence et la sévérité des dermatites atopiques chez ces enfants.

Hervé de Malières

*Unité 1087 Inserm/CNRS/Université de Nantes, Institut du thorax, Nantes

Source : G. Bouchaud et coll. Maternal exposure to GOS/Inulin mixture prevents food allergies and promotes tolerance in offspring in mice. Allergy, édition en ligne du 1er octobre 2015