MARSEILLE- Les travaux des 11es Rendez-vous économiques de la Méditerranée, dédiés à la formation professionnelle, se sont achevés samedi soir à Marseille avec un appel "solennel" en direction des institutions financières pour la création d'un fonds doté de 200 millions d'euros pour l'emploi des jeunes des deux rives de la Méditerranée.
Plusieurs personnalités des deux rives ont participé à cette rencontre, notamment des ministres, des fonctionnaires, universitaires, représentants d'institutions financières et des responsables d'organisations consultatives et de la société civile.
Les interventions se sont basées d'abord sur un constat alarmant de la situation relative à l'emploi de jeunes dans le bassin méditerranéen, pour examiner, ensuite, les opportunités qu'offre la formation professionnelle, considérée comme une "véritable" dans la résorption du chômage dans les deux rives.
La déclaration finale a relevé, à juste titre, la gravité de la situation en Europe et au Maghreb, en soulignant que certains pays atteignent une situation "alarmante" où deux tiers des demandeurs d'emploi ont entre 15 et 29 ans et, en Europe, 5 millions de jeunes sont au chômage, 50% dans un pays comme l'Espagne.
C'est dans ce contexte que les participants ont demandé "solennellement" aux institutions, qui financent traditionnellement les programmes de développement, comme la Banque mondiale, la Berd, l'AFD, la BEI et la Commission européenne, de créer un fonds "spécifique commun" pour mobiliser les 200 millions d'euros "nécessaires" au programme de manière à pouvoir entamer le "plus rapidement possible" ce premier pas pour l'emploi de jeunes.
Réinventer la relation euro-méditerranéenneNotant les "déséquilibres qui naissent sur les bords des deux rives", les participants ont mis l'index sur les insuffisances de la coopération entre les deux rives pour recommander une "réinvention" de la relation euro-méditerranéenne dans l'objectif d'une "coproduction" en faveur de la formation professionnelle et de l'entrepreneuriat.
C'est donc, une nouvelle approche qui est suggérée qui consiste à "développer, en commun, des programmes, à les réaliser à des niveaux semblables et à leur donner des accréditations parfaitement communes".
Lors de son intervention, le ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Mohamed Mebarki, a appelé les pays des deux rives de la Méditerranée à lancer, dans le cadre d'une coopération "nécessaire", des efforts "partagés et réciproques".
"(à), d'ores et déjà, cette coopération (en matière de formation professionnelle), nécessaire, doit être lancée sur la base d'efforts partagés et réciproques", a-t-il dit, relevant que "pour réussir ce partenariat, que nous souhaitons fortement, nous devons non seulement rechercher la cohérence et la complémentarité avec les choix stratégiques nationaux, mais également, nous inscrire dans une vision d'ouverture et d'échanges, rentable pour tout le monde".
Il a affirmé, à cet effet, que l'adéquation de la formation professionnelle et l'emploi ou de l'emploi par la formation professionnelle est une donnée qui interpelle tout développement économique et social, dans tous les pays, essentiellement ceux du Maghreb.
La création d'un Conseil économique et social méditerranéenPour sa part, le président du Conseil national économique et social (CNES), Mohamed-Seghir Babès, a apporté son soutien "total et indéfectible" à l'idée de créer un Conseil économique et social méditerranéen qui puisse jouer un rôle dans la sensibilisation du développement durable.
Intervenant dans le cadre d'un panel, ayant pour thème "Quelles opportunités ouvrirait la création d'un Conseil économique et social méditerranéen", le président du CNES a qualifié cette initiative de "très pertinente", rappelant le rôle des Conseil économiques et sociaux (CES) dans la mobilisation et l'implication de la société civile organisée.
"Une telle approche, a-t-il dit, est devenue nécessaire à la veille de l'entrée en vigueur de l'agenda mondial post-2015, pour le développement, avec les obligations de concertation et de coopération entre les sociétés civiles qu'il impose".
Durant ces travaux d'une journée, plusieurs intervenants ont plaidé pour le changement du mode de coopération entre les deux rives pour parvenir à une "coproduction".
Le président du Cercle des économistes, Jean-Pierre Lorrenzi, a indiqué que, du côté de la rive nord, depuis le début de la crise en 2007, "nous nous heurtons à des murs de difficultés", notamment en matière de chômage qui touche les jeunes de la région. "Il faut changer de mode de coopération et parler en termes de coproduction", a-t-il soutenu.
Agir en urgenceLe maire de Marseille et vice-président du Sénat, Jean-Claude Godin, a souligné, de son côté, que la formation professionnelle devra ouvrir aux jeunes, notamment des villes ayant connu une forte urbanisation, des opportunités d'emploi pour leur insertion sociale.
Soutenant cette proposition, Michel Vauzelle, président de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur), a affirmé qu'il n'y aura pas d'avenir pour l'Europe si les problèmes de la Méditerranée ne sont pas réglés, notamment ceux touchant la jeunesse, soulignant que la rive nord "ne connaîtra de prospérité et la richesse, si elle tourne son dos à la Méditerranée".
Le ministre français du Travail, de l'Emploi et de l'Economie sociale, Nicolas Schmit, a demandé à l'Union européenne et aux pays du Maghreb d'agir "en urgence" en proposant des projets concrets à la jeunesse, de l'innovation qui la "clé de la réussite".
Selon une note de présentation de la conférence, en 2014, près de 5 millions et demi de jeunes Européens (hors étudiants) n'avaient pas d'emploi en Europe. Un peu partout dans l'Union européenne, du Portugal à l'Europe de l'Est, les taux de chômage des moins de 25 ans demeurent très élevés.
Ce qui représente en moyenne 23% des jeunes européens (23,7% dans la zone euro) avec des disparités très fortes selon les pays .
aps