Transmise par la mouche des sables, la leishmaniose est certes une maladie tropicale mais, avec le changement climatique, qui remonte vers le nord. Cette étude de l’Université McGill identifie un nouveau mécanisme d’action de la maladie, dont la prévalence atteint plus de 12 millions de personnes dans le monde. Les chercheurs canadiens montrent ici comment le parasite libère des exosomes (ou petites vésicules extracellulaires) dans l’intestin des phlébotomes femelles, qui transmis avec le parasite lors de la piqûre, contribuent à activer le mécanisme d’infection chez l’hôte. C’est donc, avec ces données, présentées dans la revue Cell Reports, l’identification d’une nouvelle cible pour l’élaboration de vaccins contre la leishmaniose, voie contre d’autres maladies parasitaires.
La leishmaniose sévit surtout dans certaines régions tropicales et subtropicales mais également en Europe méridionale et, en Amérique, avec les changements climatiques, elle commence à » remonter » vers le nord. 1,3 million de nouveaux cas chaque année et 20 à 30.000 décès sont attribuables chaque année à la maladie. La leishmaniose est transmise par la piqûre de mouches des sables femelles, qui, lors de la piqûre, injectent le parasite dans le sang de l’hôte. Les parasites ingérés par les cellules immunitaires (Visuel ci-contre), bloquent leur fonction, se multiplient et se répandent dans d’autres tissus de l’organisme. La maladie se développe sous 2 formes, cutanée et viscérale.
L’étude montre que le parasite de la leishmaniose, hébergé par un insecte vecteur peut libérer des vésicules extracellulaires, ces exosomes, qui vont participer de manière active au cycle de vie infectieux du parasite. Le Dr Olivier, auteur principal de l’étude et professeur de médecine à l’Université McGill suggère que ce processus de libération exosomes pourrait se retrouver dans d’autres types d’infections bactériennes ou parasitaires.
Une stratégie pour accroître l’infectiosité :Les exosomes sont de petites vésicules dérivées des cellules présentes dans de nombreux liquides biologiques, y compris le sang, l’urine et la salive. Ici, l’équipe canadienne, à l’aide de techniques de microscopie électronique et de l’analyse protéomique décrypte leur processus de formation et de libération sous forme d’agent infectieux précis dans un organisme vivant. Sur la souris, les chercheurs montrent qu’une fois le parasite injecté avec ses exosomes, la réponse inflammatoire et le nombre de parasites sont augmentés.
Cibler les exosomes plutôt que le parasite ? Cela permettrait probablement de freiner le processus infectieux mais peut-être aussi, au-delà de la leishmaniose, de développer des thérapies antiallergiques permettant d’atténuer l’inflammation cutanée après une piqûre d’insecte.
Source : Communiqué McGill 22-Oct-2015 Quand les parasites deviennent gourmands et Cell Reports (In Press) Visuel@Dr. Martin Olivier