Talib Kweli, 9th Wonder « Indie 500 » @@@½
Sagittarius Laisser un commentaireUn rappeur engagé et réputé de New-York, plus un producteur extrêmement apprécié, un projet commun ambitieux rassemblant pas mal de figures de rap underground, le tout emballé dans un très chouette artwork (pour ceux qui aiment le sport automobile), voilà l’alléchante fiche descriptive d’Indie 500.
Commençons par exposer le projet. Talib Kweli et 9th Wonder ne sont pas là pour faire un simple LP collaboratif, ce qui est devenu monnaie courante ces dernières années dans le rap game. Leur démarche va plus loin en unissant non seulement les forces en présence sur leurs labels respectifs (Javotti Media et Jamla Records) mais aussi en appelant d’autres artistes indépendants à venir participer à Indy 500. La petite structure WAR Media est représentée par son fondateur qui n’est autre que Pharoahe Monch, Rhymesayers avec Slug d’Atmosphere (co-fondateur) et Brother Ali, d’autres personnalités westcoast tels que Problem, Bad Lucc (tous deux sur « Don’t Be Afraid » et « Paid Ya Dues« ) et Planet Asia.
Point de départ du concept, 9th Wonder souhaitait que Indie 500 s’inscrive dans « la continuité du mouvement Native Tongues » qui s’est poursuivi avec la mouvance Soulquariance et le son Rawkus. Wow. Le producteur un brin intello des Little Brother poursuit en décrivant l’aspect « hip hop classique » au sens « traditionnel » du terme, pour reprendre ses termes. Pour Pharoahe, unir des structures est utile pour créer une énergie nouvelle dans le milieu indé et permettre d’échanger les connaissances ou partager des bénéfices comme en tournée. Et pour Talib, c’est l’opportunité de montrer la valeur de l’art du rap. Du high level à tous les niveaux.
Voyons donc le tour des forces en présence. Jamla est le label qui met en avant le plus de ressources humaines dans Indie 500, d’abord avec leur pool de producteurs, les Soul Council (représentés par 9th évidemment, E. Jones, Khrysis, Eric G et un Nottz en très bonne forme), le « Ummah du XIXe siècle » si on suit leur démarche. Plus… Hi-Tek ! Très discret par les temps qui courent, la moitié des Reflection Eternal fait plaisir à entendre sur l’extrait « Every Ghetto« , avec sa touche gospel qui fait sa marque. Niveau rappeurs, tout Jamla est là, avec la rappeuse vedette Rapsody, Big Remo, GQ, Add-2 et Halo. Talib, lui, compense par une présence sur la majorité des titres ainsi que son protégé NIKO IS. Chacun apportant sa contribution, 90% du boulot est déjà fait.
Les 10% restant est pour la prise de risque/originalité et puissance de feu. Parce que bon, Talib Kweli, malgré tout le respect et le talent qu’il a, c’est devenu routinier de l’entendre dans son rôle d’ex-backpacker jouant les modèles à suivre au sein de la communauté noire. 9th Wonder et sa team livrent des beats qui auraient pu exister il y a dix ans, ce qui n’empêche pas de compter quelques pièces de choix comme « Every Ghetto« , le soulful « Great Day In the Mourning » et « King Shit« . Les flammes jaillissent à chaque apparition de Rapsody, pas la seule femme à bord puisque K. Valentine et jessica Care moore (que je ne connaissais pas du tout) donnent de la voix sur « These Waters« . La rappeuse est supérieure à Talib pour sa hargne et son style, bref on l’adore.
Partant de bons sentiments de paix et d’unité, ces belles valeurs du hip-hop, les ambitions de Indie 500 se plaçaient à la hauteur de notre intransigeance. C’est du bon globalement, mais, ce curseur demeure seulement au niveau « bon », alors que l’auditeur est en mode « difficile ». Le caractère très traditionnel parfaitement assumé dessus par Talib et 9th nous garde dans une zone de confort, un terrain bien connu en dehors duquel ce beau monde daigne en sortir, ne serait-ce qu’un petit peu. Rassurez-vous quand même, je le répète, ça reste du bon malgré que les morceaux soient trop prévisibles. Ce serait possible d’extrapoler l’idée avec Stones Throw x Mello Music Group, ou d’autres, par exemple?