Cette semaine, mes lectures mangas se sont faites dans une ambiance assez amusante : alors que les feuilles des arbres tombent c’est la magie qui sort de terre pour cette période d’Halloween et les mangas suivent le mouvement, surtout chez Komikku, ou d’une manière beaucoup plus singulière chez Akata. Résultat : des chroniques pleines de sorcières, de forces telluriques, de fées et d’animaux qui parlent… avec Sorcières et ténèbres, aka un ancien manga de Hiroko Nagakura (Rudolf Turkey), avec le 3e tome de The Ancient Magus Bride (un de mes coups de cœur 2015) et celui de Minuscule (as choupinou et beau as ever) en terminant avec l’inattendu et acide tome 2 de Magical Girl Site, le spin-off de Magical Girl of the End.
En route pour les chroniques, donc, et bonnes lectures !
Si on regarde de plus près le récit maintenant… On découvre Hitsuji, une demoiselle assez originale et on tombe rapidement sous son charme : énergique, optimiste, complètement anti-conformiste avec son amour des choses bizarres et un peu rebutantes, comme les asticots ou les poupées artisanales un brin morbides. C’est sans doute parce qu’Hitsuji est une sorcière blanche qu’elle est un peu à part, élevée par ses trois tantes sorcières elles aussi, mais elle n’en n’est pas moins adorable et rafraîchissante. Elle a d’ailleurs un fan club d’hurluberlus au sein de l’école qui n’est pas mal non plus, dans son genre.
La vie de la demoiselle va changer radicalement le jour où Kokuyô intègre sa classe, et qu’elle tombe amoureuse du garçon au premier regard. Il faut dire que, lui aussi, il dénote : bandé de la tête au pied ce jeune homme au look de momie est en fait un chasseur de sorcières. Il voue une haine farouche à cette caste depuis que l’une d’entre elles a ruiné sa vie et l’a maudit pour en faire un être des ténèbres. Amour impossible ? Non réciproque en tout cas, pour le moment, mais Hitsuji a de l’énergie à revendre et, après tout, c’est une sorcière blanche et non pas une noire maléfique, comme les cibles de Kokuyô. Elle va donc redoubler d’efforts pour le séduire et essayer de calmer la haine de ce dernier, puis peut-être le sortir des ténèbres…
Le topo est assez classique mais le scénario ne fait pas dans la fioriture et l’on démarre très vite sur la love story, ce qui assez inédit pour un shônen, d’ailleurs. La chasse aux sorcières, elle, est là pour apporter des affrontements qui ne sont pas mémorables mais qui confèrent une part d’action et un peu de rythme au titre. La romance, pour revenir sur ce point, s’annonce donc compliquée mais la persévérance, la maladresse, la gentillesse et surtout l’humour insufflés par Nagakura à son héroïne fait qu’on l’encourage rapidement dans sa quête. De son côté Kokuyô tient très bien son rôle d’entité sombre de l’histoire et les sorcières qu’il affronte sont toutes aussi inquiétantes et meurtrières. Certes l’univers n’est pas aussi novateur et détaillé que dans un Soul Eater, mais on retrouve avec plaisir l’univers de la sorcellerie avec ses pentacles, ses poupées maudites et ses monstres magiques protéiformes. La trame de fond est assez développée elle aussi et évoque une grande réunion des sorcières qui implique une catastrophe à venir, sans oublier quelques drames du passé qu’il reste encore à déchiffrer.
Ça tient bien la route donc, des personnages au scénario. Le seul écueil reste un graphisme assez inégal, qui n’est heureusement pas un frein à la transmission des émotions des personnages. On sent juste que c’est une oeuvre de jeunesse, qui date de 2006-2007 pour être exact. Bref, si vous aimez les histoires de sorcières et les jeunes filles maladroites mais souriantes, drôles et pleines d’énergie, c’est pour vous !
Koré YAMAZAKI manie avec beaucoup de talent cet équilibre entre force et fragilité et tisse un fil de plus en plus épais entre nos deux amoureux, qui ont cette lutte interne en commun. En piochant dans des personnages classiques de la littérature fantasy, elle multiplie également les rencontres, chacune allant étoffer par ricochet ses deux personnages principaux : le chien qui garde l’âme d’une maîtresse défunte devient le familier de Chisé, lui conférant aussi bien un nouveau protecteur que quelqu’un dont elle est responsable, à l’opposé de son lien avec Elias. Une façon en tout cas astucieuse de pouvoir s’éloigner de son mage de mari, qui était jusqu’ici son unique protecteur, pour aller découvrir sous un autre regard le monde magique, avec des découvertes qui n’appartiennent qu’à elle, dans une ambiance plus détendue.
C’est aussi une bonne occasion pour en savoir plus sur Elias, sur son passé par exemple, en écoutant les autres parler de lui… Bref, après un premier round qui a vu se succéder la rencontre de la Slay Véga et du Pilum Murialis, la découverte de la magie, le début de la romance mais aussi un Némésis des plus dangereux, on commence à profiter des premières révélations et on continue d’étoffer les relations. Une histoire vraiment très bien menée et qui suscite une bien agréable empathie… Nous voilà enchantés.
La réussite graphique des personnages se vérifie aussi chez les animaux humanisés de l’univers de minuscule. Dans les volumes précédents nous avions découvert Sardine, l’ouvrier de rénovation de bâtiment qui travaille avec Hakumei – le revoilà dans ce tome le temps d’une journée épicurienne en ville qui met franchement l’eau à la bouche – mais on découvre aussi Spirale, un lézard chef de bande pas commode, qui n’est pas une créature à sang-froid pour rien, avec une stature et un regard qui savent se faire impressionnants.
Mais, rassurez-vous, même ce reptile pas facile ne va pas transformer notre récit en conte dramatique car, dans minuscule, il semble que tout se finisse toujours bien, autour d’une bonne table et de quelques bonnes bouteilles. Ce manga ne nous donne qu’une envie d’ailleurs : aller faire le marché à la recherche de bons produits pour faire ensuite ripaille entre amis. Pour finir, comme The Ancient Magus Bride encore une fois, on savoure une nature omniprésente, chaleureuse et accueillante de surcroît, propice à de petits bonheurs simples qui font la joie de l’existence. Le manga de Takuto KASHIKI (traduit par l’excellente Fédoua Lamodière, pour ne rien gâcher) a vraiment un charme fou, courez l’essayer !
Pour rappel, dans ce récit, plusieurs filles se sont retrouvées en possession d’un baguette magique avec un super pouvoir… et certaines d’entre elles sont alors devenues de flippantes meurtrières. Deux d’entre-elles, Aya et Tsuyuno, se sont alliées pour essayer de démêler le mystère qui se cache derrière les créateurs des baguettes et du site internet qui les fournit, lequel annonçant d’ailleurs une apocalypse à venir.
On retrouve une fois de plus, grâce à Entarô SATÔ, avec des asociaux au pouvoir avec les mains rapidement couvertes de sang, par manque de chance ou simple esprit de vengeance, celle des faibles et des persécutés, mais pas que… En effet, comme je le disais, c’est aussi au tour des idols de briller et de jouer avec leur pouvoir. Quoi de mieux qu’une jeune fille considérée comme une déesse par des cohortes de mâles en rût pour devenir une Magical Girl toute puissante ? Son don, donné par une petite culotte magique (oui oui), lui permet d’ensorceler qui elle veut pour en faire son esclave… c’est tellement évident quand on y pense qu’on ne peut s’empêcher de rire, puisque la petite culotte des idols est, dans la vraie vie des fans Japonais, toute une histoire fantasmatique en elle-même.
Dans le manga, cette nouvelle magical girl est donc une idol hyper populaire, ce qui nous est démontré à travers la vie de l’un de ses fans, endetté jusqu’au coup et obnubilé à l’extrême par la jeune star. L’auteur pousse l’aliénation de ce looser à son maximum et l’on comprend que cette obsession n’est pas naturelle mais, en même temps, nous ne sommes pas si éloignés de la réalité… Enrobée dans un marketing et une communication basés sur des allusions sexuelles permanentes – du type « louez moi une heure pour me passer la laisse au cou jeune maître » – l’industrie décrite dans ce tome ne fait que pousser un peu plus loin un modèle déjà en place, lui empruntant par exemple les séances de serrages de main entre fans et idols, l’utilisation pernicieuse des sites et réseaux sociaux, la vente de produits dérivés, etc.
Même si l’on continue de mettre en place la trame de fond et d’ajouter quelques flashbacks pour étoffer le profil des protagonistes, c’est donc dans sa critique sociale, réaliste et finalement édifiante, qu’on savoure ce second tome. Du Akata comme j’aime !
Et voilà pour ces lectures… De tous ces titres et d’autres, il en est question, en images et commentaires, sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des sessions de lecture en live. Après 3 semaines de chroniques on va changer un peu pour la prochaine fois, pour un papier inédit et collaboratif sur le blog… Car voilà qu’arrive la 600e du blog mes amis, oui oui oui !
En attendant de célébrer ça avec plusieurs invité(e)s, on se laisse sur quelques photos du Japon, dont certaines de saison justement, histoire de changer des mangas !