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Une saison des prix qui bat son plein en France

Publié le 07 novembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Premiers jours de novembre, réunion au restaurant Drouant place Gaillon près de l'Opéra de Paris, et repas qui suit. Il a été remis cette année à Mathias Enard pour son roman "Boussole", paru en août dernier chez Actes Sud, éditeur auquel il est resté fidèle depuis son premier roman. Il n'aura fallu qu'un tour de scrutin aux membres de l'académie Goncourt, six voix, pour distinguer cet écrivain que l'on présente comme un des plus doués de sa génération. Il l'a emporté sur les autres finalistes, Tobie Nathan avec "Ce pays qui te ressemble" chez Stock, Hédi Kaddour avec "Les Prépondérants" chez Gallimard et Nathalie Azoulai avec "Titus n’aimait pas Bérénice" chez P.O.L. Il a 43 ans et en est à son huitième roman dont la plupart ont été fort remarqués et couverts de prix. L'histoire passionnée entre l'Occident et l'Orient et les relations conflictuelles qui en découlent, sont au centre de son oeuvre. Ce natif de Niort qui réside actuellement à Barcelone, traite de l'Orient en connaisseur, ses études d’arabe et de persan à l'Inalco l'y ont préparé et il a séjourné fréquemment à Damas, Téhéran, Le Caire, Tunis ou Beyrouth. On devine que son premier roman "La Perfection du tir" paru en 2003 se déroule au Liban. "Zone"", en 2008, évoque le conflit israélo-palestinien, et l"Algérie. Dans "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants" en 2010, Michel-Ange arrive à Constantinople pour y construire un pont enjambant la Corne d’or. Quant à "Rue des voleurs" en 2012, c'est dans le sillage d'un jeune Marocain de Tanger qu'il nous entraîne.

Au long des 480 pages de "Boussole", est décrite la nuit d’insomnie du narrateur, Franz Ritter, musicologue passionné d'Orient. Il est atteint d’une maladie grave et sa mort est proche. Dans son appartement viennois de la Porzellangasse, l’opium qu’il fume lui permet de revoir sa vie, ses rêves, ses ambitions, ses voyages de Téhéran à Istanbul, Damas ou Palmyre. Mais aussi Sarah, elle aussi fascinée par le Moyen-Orient et également par l'autre, l'Extrême, où elle séjourne fréquemment. On y croise les écrivains qui ont fréquenté le Moyen-Orient, Flaubert ou Chateaubriand, Rimbaud ou Gobineau et même les musiciens emblématiques de Vienne, Mozart, Schubert, Schönberg et Beethoven. Souvenons-nous, si l'on en croit le chancelier Metternich, que l'Orient commence à Vienne, au bout de la rue… Ce n'est cependant pas qu'une promenade idyllique dans un Orient de rêve, l'atroce réalité actuelle est bien présente. L'été dernier, Mathias Enard confiait à un quotidien français "Malheureusement oui, c’est aussi un geste politique. En écrivant ce livre j’étais sans cesse rattrapé par l’actualité, l’horreur de la guerre, au moment où j’ai écrit les scènes de Palmyre, Daesh était encore loin. Mais je pense qu’il fallait montrer ou rappeler que l’Islam et l’Orient ne sont pas que violence aveugle et bêtise absolue, que nous sommes tous un peu orientaux".

Rappelons que si le lauréat ne reçoit qu'un chèque de 10€, les ventes atteindront environ les 400.000 exemplaires, ce qui génère des droits d’auteur de quelque 600.000€.

Ce même 3 novembre, le prix Renaudot était attribué à Delphine de Vigan pour "D’après une histoire vraie" paru en août dernier, chez Lattès. Attendu, car la romancière n'avait rien écrit depuis "Rien ne s'oppose à la nuit" en 2011. et l'on ne peut pas dire qu'il n'y a aucun lien entre les deux. "D’après une histoire vraie" commence avec l'histoire d'une héroïne qui présente des ressemblances avec l'auteur. Elle nous semble épuisée par le succès, les signatures, les réunions, et les invitations diverses sont venues à bout de sa résistance. Sans compter quelques actes malveillants qui la visent. C'est alors qu'elle rencontre "L" que l'on ne connaîtra jamais que sous cette initiale. La narratrice va tomber sous sa coupe. Les qualificatifs ne manquent pas quand on évoque ce roman, thriller psychologique, roman hitchcockien, œuvre haletante, suspense assuré et naturellement roman qu'on ne lâche plus une fois qu'on l'a commencé…

Le prix Renaudot ne donne lieu à aucune dotation financière, mais il permet des ventes qui peuvent atteindre les 200.000 exemplaires, soit environ 300.000€ de droits d’auteur. Le 4 novembre le Prix Femina était attribué à Christophe Boltanski pour "La Cache", paru en août dernier chez Stock.
Avec 7 voix au deuxième tour de scrutin. C'est le premier roman de ce grand reporter à L’Obs. Et son patronyme n'est pas inconnu, on pense tout de suite à son oncle le peintre et plasticien Christian Boltanski. Mais il est aussi le fils du sociologue Luc Boltanski, le neveu du linguiste Jean-Elie, le petit-fils d'Étienne Boltanski, membre de l'Académie de médecine et de sa femme, Myriam, romancière connue sous le pseudonyme d'Annie Lauran. "La Cache" est une sorte d'histoire de cette famille d'intellectuels, du lieu où trois générations ont vécu, où le grand-père juif, Étienne, s'est caché pendant l’Occupation, dans un réduit.aménagé dans leur appartement du VIIe arrondissement de Paris, rue de Grenelle.

Le prix Femina permet la vente de 150.000 exemplaires, soit environ 220.000€ de droits d’auteur.

Le prix Femina étranger est allé à Kerry Hudson pour "La Couleur de l'eau", traduit de l'anglais d’Écosse par Florence Lévy-Paoloni. C'est l'histoire d'un vigile londonien et d'une SDF d'origine russe. 
Le prix Femina essai pour sa part, récompense Emmanuelle Loyer pour la fort imposante biographie qu'elle a consacrée à Claude Lévi-Strauss chez Flammarion. 

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