Tous aux abris ! Revoilà Calvin et ses nombreuses bêtises ! On peut d’ailleurs presque parler de ses premières bêtises car, à l’instar du tome 8, cet album revient sur les débuts de Calvin et Hobbes.
Le lecteur y découvre notamment les débuts de Rosaline et force est de constater que la baby-sitter attitrée parvient encore à mater notre ami, surtout lorsque celle-ci s’avère également être sa prof de natation… et oui, c’est encore Calvin qui souffre le plus des deux lors de ces premiers gags.
« Je préfère ne pas savoir ce qu’il fabrique. Et toi ? »
Au menu de ce dixième volet, il y a bien évidemment Calvin et Hobbes qui transforment n’importe quel endroit en terrain de jeu, mais il y a aussi les gags récurrents concernant les tactiques de Calvin pour éviter d’aller à l’école ou de prendre son bain. Si la plupart des histoires ne font que quelques cases, certains récits sont un peu plus long, comme lorsque la famille part en vacances ou lorsque Hobbes se fait kidnapper par un chien. Si plusieurs histoires sont dédiées à la pratique de la pêche, chaque récit offre un plongeon mélancolique dans le monde de l’enfance et invite à découvrir les fantasmes, les rêves et le regard critique de ce petit bonhomme sur le monde des adultes et sur la société en général.
« Il existe un rapport inverse entre ce qui est « bon pour vous » et le plaisir que vous en tirez. »
Ce que j’aime particulièrement dans ces strips, c’est l’imagination débordante de Calvin, notamment quand il se transforme en Spiff le Spationaute pour lancer une boulette de papier sur Susie ou pour échapper à la fin de la récréation à l’école. Notre ami se transforme également en tyrannosaure pour manger son bol de popcorn, en insecte pour lancer des petits pois à table, en mouche géante pour sortir les poubelles ou en caïman pour attaquer son père dans la piscine. Même sa mère se transforme en gorille pour l’obliger à ranger sa chambre, qui est une véritable jungle. J’adore !
« Maman – Calvin ! Cesse ce remue-ménage !!… »
« Maman – Qu’est-ce que je viens de te dire ?!? »
« Calvin – Pourquoi ? Toi non plus tu ne t’écoutais pas ? »
Si la puissance comique de ces strips atteint des sommets, l’humour est également souvent d’une telle sophistication que plusieurs niveaux de lecture sont possibles. Au-delà de la simplicité apparente de ces gags burlesques se cache en effet un autre niveau de lecture, plus adulte, qui mêle critiques acerbes, réflexions intelligentes et cynisme ravageur. Les noms des personnages faisant respectivement référence à Jean Calvin et à Thomas Hobbes, le lecteur ne s’étonnera d’ailleurs pas de croiser quelques considérations philosophiques.
« Hobbes – Penses-tu qu’il y a un Dieu ? »
« Calvin – En tout cas, quelqu’un me cherche ! »
Visuellement, la qualité de ces premiers strips est un peu moins bonne. Le dessin de Bill Watterson est néanmoins d’une grande simplicité et ces visuels aux décors quasi inexistants permettent de mettre l’accent sur les personnages et sur des textes d’une finesse rare. Il faut un talent énorme pour parvenir à partager des tranches de vie en seulement trois cases et pour pondre des gags purement visuels sur base de postures ou d’expressions.