Je lis peu de sagas, car je trouve difficile de s’engager à lire pendant plusieurs tomes la même longue histoire alors qu’il y a des centaines de romans, uniques, qui m’attendent. Mais il y a un domaine où je peux faire une entorse à cette règle sans trop culpabiliser : la littérature jeunesse. J’ai dévoré Harry Potter et Eragon (il faudra que je vous en parle un jour) notamment, et encore aujourd’hui je reste une grande fan. Alors quand on me répète depuis très très très longtemps « tu devrais lire ça » et que ce « ça » est une saga jeunesse qui fait un tabac, il y a bien un moment où je craque et où je me laisse tenter. Je vais donc aujourd’hui vous parler d’un tome 1, et il est très certain que je vous parlerai du tome 2 d’ici la fin de l’année : L’apprenti Epouvanteur de Joseph Delaney.
Tom Ward est un enfant de treize ans qui vit dans une famille de fermier. Mais Tom n’est pas n’importe qui : il est le septième fils d’un septième fils. Et à ce titre, sa mère lui réserve un avenir particulier : elle le confie au maître Epouvanteur Gregory pour qu’il le prenne en apprentissage. Un Epouvanteur est un homme peu aimé, qui vit et travaille en solitaire, il est craint mais indispensable. En effet, il repousse les forces obscures qui jaillissent ça et là dans différents comtés : sorcières, gobelins, fantômes… Tom suit donc l’homme et apprend les bases de son futur métier. Malheureusement, à treize ans, on commet des erreurs et on se laisse parfois abuser par sa trop grande gentillesse et naïveté. C’est ce qui va arriver à notre héros, qui va apprendre à ses dépens qu’une sorcière retenue prisonnière depuis des années à la rancune tenace.
Je résume beaucoup car je ne veux pas en dire plus. Le livre s’adressant à un jeune public, l’écriture est très simple, la lecture très rapide. J’ai adoré cette histoire, je me suis laissée emporter et je l’ai dévorée en une nuit. Dès les premières pages, j’ai trouvé les personnages attachants et intriguants, et l’histoire m’a happée. Il y a parfois quelques longueurs, quelques simplicités, mais on les oublie très vite. On suit notre héros, on le regarde faire des bêtises sans pouvoir le retenir et on le voit grandir avec fierté.
Il est vrai que l’auteur utilise parfois des astuces un peu trop voyantes pour faire avancer la narration. On le voit arriver avec ses grands sabots dix pages à l’avance par moment, mais il sait nous surprendre et l’histoire sort un peu des sentiers battus du genre fantastique. J’ai beaucoup aimé l’arrière-plan : les différentes magies, le fonctionnement des gobelins, la différence entre ombre et fantômes, etc. Les décors aussi sont impressionnants : la maison hantée où Tom doit prouver sa valeur à Gregory, la forêt… on est vraiment plongé dans cette histoire d’horreur. Car oui, ce roman fait peur, il est d’ailleurs écrit au dos du livre : Attention ! Histoire à ne pas lire la nuit… Pour les lecteurs avertis.
Et en cela c’est très très vrai. Il y a certaines pages qui peuvent effrayer ou écœurer les plus jeunes, les plus sensibles (adultes compris) : il y a du sang, il y a des êtres qui font vraiment peur, il y a des menaces qui font frémir. Je peux vous dire que moi-même j’ai gardé la lumière allumée pour dormir après cette lecture. Je ne pensais pas qu’on pouvait me faire peur dans un roman avec une sorcière et bien je me suis trompée. Ce décalage entre la langue simpliste et ces images effrayantes très très bien travaillées a de quoi désarçonner et j’avoue que ça m’a parfois fait tiquer. Mais dans l’ensemble, l’histoire est tellement prenante qu’on fait défiler les pages à une vitesse ahurissante et qu’on en redemande.
J’ai vraiment hâte de lire la suite de cette saga, en espérant que l’auteur utilisera des biais plus discrets pour faire avancer son histoire. Toutefois, si vous souhaitez le donner à lire à des jeunes, je vous conseille de faire attention au public en question : il faut une certaine maturité pour lire ce roman qui fait peur… Mais je vous le conseillerai quand même !
Joseph Delaney, L’Apprenti Epouvanteur, traduit par Marie-Hélène Delval, Bayard Jeunesse, 14€90.
(et n’allez surtout pas voir le film inspiré de cette histoire, il est juste atroce.)