Que l'on croit ou non à la menace d'« ubérisation » du secteur, l'impact direct de la startup leader du VTC sur les services financiers est déjà une réalité, qu'il est un peu trop facile d'oublier. Cependant, si la rumeur de création d'un compte bancaire Uber – dédié à ses partenaires – se confirme, la prise de conscience devrait certainement s'accélérer…
Selon l'article de Quartz qui relaie l'information, le projet n'en serait aujourd'hui qu'à ses balbutiements et ses contours sont donc encore extrêmement flous. Il pourrait s'agir de proposer aux chauffeurs un compte courant ou une simple carte prépayée, accompagnée de services ajustés à leurs besoins. Que les banquiers se rassurent (un peu), toutefois, Uber n'a pas l'ambition de fonder une banque et sa nouvelle offre serait, en pratique, fournie par un établissement tiers (en cours de sélection).
Dans une logique de séduction et de fidélisation de ses effectifs non salariés (et donc volatiles), la société introduirait un certain nombre de bénéfices exclusifs au sein de son compte bancaire. Le paiement quotidien des courses (au lieu de la fréquence hebdomadaire actuelle) est le plus visible, mais sont également évoqués des offres promotionnelles ou encore des avantages sur les transferts internationaux, susceptibles d'intéresser plus particulièrement ses nombreux chauffeurs immigrés.
La démarche en rappelle d'autres à travers le monde. En effet, à l'image de Monese (pour ne prendre qu'un des cas les plus récents), Uber cherche à créer une solution hyper-personnalisée pour un segment de population qu'elle connaît bien et dont elle peut facilement identifier les attentes. Au-delà des seuls enjeux de fidélité, elle va, de la sorte, étendre son emprise sur la vie de ses chauffeurs pour, plus tard peut-être, envisager de déployer d'autres services, complémentaires à son activité d'origine.
L'idée peut paraître exagérée, elle est pourtant à l'œuvre depuis quelques temps, sous différentes formes. Ainsi, après avoir lancé un programme de financement classique, Uber a commencé à expérimenter, au cours de l'été, une offre de leasing mieux adaptée aux exigences spécifiques de sa flotte de véhicules. Autre initiative passée relativement inaperçue, la carte « Partner Fuel Card » permet à ses conducteurs, depuis le mois de juin, de bénéficier d'un crédit automatique sur leurs achats de carburant.
En cherchant à développer une offre de service globale pour les membres de son écosystème, Uber est logiquement amenée à empiéter sur les plates-bandes des banques. Or, il ne faudrait pas croire que son cas est isolé, ni que ses implications sont limitées : les nouveaux géants du numérique (menés par les « TANU », à savoir Tesla, AirBnb, Netflix et Uber) ont tous cette stratégie en commun. Qui porte des conséquences potentiellement dévastatrices, bien que peu perceptibles à ce jour…
Enfin, pour conclure sur une réalité plus immédiate, penchons-nous un instant sur une révolution apparemment anodine déjà opérée par la startup. Tandis que les institutions financières s'acharnent depuis des années à convaincre les consommateurs de payer avec leur téléphone, qui a remarqué qu'Uber a (tout comme Starbucks) généralisé cet usage auprès de ses clients, sans aucune difficulté ? Dans ce registre aussi, quelques leçons pourraient être tirées… Par exemple en matière d'expérience utilisateur ?