(note de lecture) Esther Tellermann, "Sous votre nom", par Christian Hubin

Par Florence Trocmé


Sous quel nom ?
Il y a dans cette voix, dès sa Première apparition (1986) son sourd écho des origines, quelque chose d'hiéroglyphique comme un serment, d'irrémédiable comme une blessure. La perte s'y fait  aussi fait mémoire ; le moindre tact, Imposition.
Réel troué et et transcendé. Son ombre dans chaque consonne / qui vibre : le chant même en écho mutique, âpre, sans pathos ; ses ellipses pudiques, syllabe après syllabe, par marches comme somnambuliques entre les bleus/ et et le nous. Entre promesses, inflexion d'une lettre, bouche très haut/ et la buée. Avec quelque chose sous chaque nom / à la limite, sourd encore, et qui n'a pas pardonné.
"Qu'est-ce qu'un poème ?" demande, (souffle) Esther Tellermann. Demandent entre autres, Terre exacte, Contre l'épisode, le Troisième, Carnets à bruire. Comme, signifiant : Nous ne sommes jamais assez poète – études où, à chaque page, 
la  seconde (... ) se fracture.
Densité, concision qui se fondent – chorales, écorchées vives. Pour que l'écho même nous fasse poussière de langue (…) nous hèle vers -  non ici / mais encore dessous.
Là où – quel ? Qui parle / en deçà ? (...) Je me souviens / de l'envers /  d'un monde double.
Ou le désert même écoute, entend. Restreint, qui croît mais entend. Transperce. Adoube. Thrène aussi (..........) Où nous sommes.  
Ombre en quête du vrai corps. Dans la veille de quelle extinction, quelle silhouette portable qui nous emprunte – dans le sans tact, le retenti ?  Qui fonde le muet ? Dans - dès avant d'être, quelle attente hymnique où - entre l'obscur et le milieu ? (…)
Où - en vous / redevenir
Écho, oui. D'un double. D'un serment.
Loin des gargarismes et logorrhée logorrhées-clip(s) ;
dans le geste, au-delà, de ceux qui veulent faire de l'irrémédiable une œuvre
voici – hantée, seule, si près – la page arrachée/ remplissant / le monde.
 
Christian Hubin
    
 
Esther Tellermann, Sous votre nom, Flammarion, 2015.