La multiplication des options de transport en milieu urbain va nécessairement de pair avec la mise en place de navigateurs intelligents permettant à l’usager de concevoir son propre itinéraire.
L’application Waze, qui aide les chauffeurs à naviguer dans la jungle urbaine, en leur proposant une carte enrichie d’informations renseignées en temps réelle par la communauté d’utilisateurs, vient de connaître sa mise à jour la plus importante depuis trois ans. Certains utilisateurs se plaignaient du fait que l’application n’était pas toujours facile à utiliser en conduisant : Waze en a tenu compte, on peut désormais se réorienter, envoyer sa géolocalisation ou encore transmettre des informations aux autres usagers plus facilement.
L’interface a été entièrement revue pour plus de visibilité et de clarté, tout en conservant l’aspect cartoon qui fait partie de l’ADN de l’application. Une option « calendrier intelligent » permet également à l’utilisateur de recevoir une alerte lorsqu’un accident de la route est susceptible de perturber son itinéraire, lui permettant de partir plus tôt de son domicile en prévision. Enfin, Waze affirme avoir tout fait pour rendre l’application moins gourmande en batterie.
Google Maps vient également de subir un lifting, avec l’ajout de nouveaux outils, dont la possibilité d’afficher les stations essence alentour, avec les prix à la pompe accolés à chacune d’elles, ou encore les lieux potentiels où faire une halte : restaurants, supérettes, cafés… Il est également possible d’ajouter des détours à son itinéraire, ce qui évite d’avoir à tout retaper suite à un arrêt de dernière minute.
Conjuguer les différentes options de transport
Au rayon des applications de navigation intelligente, citons également CityMapper, ou encore Urban Engines. Celles-ci jouent un rôle-clef dans l’amélioration de la mobilité en milieu urbain, rôle qui ne peut être amené qu’à se renforcer à mesure que les villes se complexifient, que de nouveaux modes de déplacement apparaissent, que la circulation repose de moins en moins sur des moyens de transport uniques, et de plus en plus sur des réseaux interdépendants et complémentaires entre lesquels le citoyen jongle à loisir.
L’avenir promet en effet de nouveaux modes de déplacement, amenés à compléter les réseaux de transports publics existants et à remplacer peu à peu la voiture individuelle, du véhicule partagé sur le modèle Uber ou Lyft au taxi électrique autonome, en passant par des solutions à mi chemin entre transports en commun et véhicule partagés, comme les minibus des entreprise Bridj ou Chariot. Mais comment tirer le meilleur de cet écosystème, faire coexister ces différentes composantes pour un fonctionnement optimal ?
Le philosophe Leibniz a développé en son temps un système métaphysique dans lequel l’univers est constitué d’une multitude de monades, qui convergent et se complètent pour former la monade suprême, l’unité absolue. De la même manière, les applications de navigation sont les agrégateurs qui permettent aux différents modes de transport disponibles de se combiner, se compléter les uns les autres pour former l’itinéraire idéale, l’agrégation d”itinéraires idéals dans une ville aboutissant à une mobilité plus parfaite, à une gestion optimale des flux de population. On jongle ainsi entre transports publics, véhicules individuels et partagés, vélos, etc.
L’essor de l’internet des objets et du big data permet en effet de récolter et traiter une quantité d’informations inédites ayant trait à la mobilité, et d’en tirer des modèles susceptibles d’améliorer cette dernière. Si le citoyen y trouve son compte, avec à la clef un trajet moins coûteux, plus efficace ou plus agréable, les municipalités en bénéficient également, avec une fluidification des flux de transport et de population, un désengorgement des voies de circulation et des transports publics, un meilleur fonctionnement général.
La start-up Urban Engines et la République de Singapour ont travaillé ensemble pour améliorer la mobilité urbaine.
Combiner navigation intelligente et mesures incitatives ?
L’an passé, la start-up Urban engines a ainsi travaillé en collaboration avec les autorités de Singapour, afin d’oeuvrer à l’amélioration de la mobilité urbaine dans la République. L’entreprise a pour cela eu recours au big data, rassemblant un grand nombre de données publiques disponibles : lignes de bus et de trains, horaires, fréquences de passage, taux de remplissage, temps d’attente aux arrêts et localisation de ceux-ci, temps nécessaire pour aller de telle station de train à l’arrêt de bus le plus proche, trajets quotidiens effectués entre le domicile et le lieu de travail, flux de population correspondants, embouteillages, etc.
A l’aide de toutes ces informations, ils ont construit une carte analytique illustrant le réseau de transports publics, l’emplacement de chaque bus et de chaque train, avec des jauges indiquant leur taux de remplissage, et des chiffres accolés aux stations indiquant le nombre de personnes en train d’attendre. A l’aide d’un tel outil, il est facile de repérer sur quelle ligne il faudrait proposer davantage de bus ou de trains, à quels endroits il serait judicieux d’installer de nouvelles lignes, et si ce n’est pas possible dans l’immédiat, de réfléchir à des moyens d’encourager les individus à emprunter des itinéraires alternatifs ou à se déplacer en dehors des heures d’affluence.
Parmi les pistes étudiées, le fait d’offrir une récompense pécuniaire aux individus répondant à cette dernière injonction. Les recherches en matière d’économie comportementale ont en effet tendance à montrer que, contrairement aux dogmes de l’économie classiques, les individus agissent la plupart du temps de manière parfaitement irrationnelle, étant notamment en proie à de nombreux biais cognitifs et émotionnels : inutile donc de miser sur le fait que chaque individu saura peser coûts et avantages pour faire les meilleurs choix en matière de déplacements, et aboutir à une meilleure gestion des flux de population dans la ville. En revanche, un système d’incitations et de récompenses peut être une piste à explorer.
Le projet de campus de Google a fait de la mobilité l’une de ses priorités.
Image tirée de la page officielle de Google sur Google +.
Les recettes gagnantes de la Silicon Valley
Selon une enquête publiée par le New York Times, la ville d’Helsinki fait également figure de pionnière en matière de mobilité. Avec pour ambition de bâtir un avenir sans voitures individuelles, elle s’est fixée l’objectif de mise en place d’un système de mobilité à la demande d’ici 2025. L’idée : utiliser précisément les applications de navigation pour unifier minibus à la demande, voitures partagées, vélos et bus conventionnels, et rendre ainsi n’importe quel déplacement simple et pratique sans avoir recours à un véhicule individuel.
Au coeur de la Silicon Valley, la ville de Mountain View, célèbre pour héberger les locaux de géants du numérique comme Google ou LinkedIn, accomplit quant à elle de belles performances en la matière. Alors que son quartier de North Bayshore est en grande majorité composé d’immeubles de bureaux bordés d’immenses parkings, et à plusieurs miles de la gare la plus proche, seule la moitié des 21 400 personnes qui viennent y travailler chaque jour font le déplacement en conduisant seuls. A titre de comparaison, ce chiffre passe à 75% à l’échelle nationale.
La clef ? Un savant mélange de transports publics et privés, que les employés combinent entre eux, toujours selon le New York Times. En plus du réseau de transport public et de services comme Uber et Lyft, ceux-ci ont accès à des bus privés mis à leur disposition par leurs entreprises : Google transporterait ainsi 35% de sa main d’oeuvre dans des bus spécialement dédiés à cet effet. « Le taux d’employés de google conduisant seul est égal à celui de San Francisco, dans une zone où il n’y a aucun transports publics et rien que des bureaux. » affirme ainsi Jeffrey Tumblin, membre d’une entreprise de conseil en transports, dans les colonnes du New York Times.
Google et ses voisins, comme LinkedIn et Intuit, font également en sorte de supprimer toutes les raisons qui pourraient inciter les employés à privilégier la voiture individuelle pour se rendre au travail. Les cyclistes ont accès à des douches équipées pour se remettre de l’effort ; les trois entreprises proposent un service de transport d’urgence permettant aux employés de rentrer en pleine journée, quand les transports ne fonctionnent pas ou peu ; Google dipose d’une flotte de 80 véhicules électriques rechargeables à énergie solaire et utilisables par les employés… Plus ambitieux encore, le géant du web va tester sur son tout nouveau campus une petite flotte de véhicules autonomes permettant aux employés de naviguer entre les bâtiments.