Graisse blanche, obésité, graisse brune, calories brûlées. Nombreuses sont les pistes de recherche contre l’obésité qui s’essaient à transformer la graisse blanche malsaine en tissu adipeux brun, qui produit de la chaleur par la combustion de l’énergie. C’est même la principale piste de lutte contre la prise de poids, l’obésité et les troubles métaboliques, commentent ces scientifiques de l’Université de Californie San Francisco. Ils identifient ici une voie moléculaire, et son interrupteur, dans les cellules adipeuses humaines, qui, ciblée, pourrait bien ne plus permettre à la graisse blanche de » thésauriser » ses calories.
Tous les mammifères, dont les humains, ont deux types de graisses, aux fonctions opposées: la blanche qui emmagasine l’énergie et à terme entraîne l’obésité et le diabète; la brune, qui produit de la chaleur par combustion : 50 g de graisse brune vont bruler 200 calories. Les bébés naissent avec ce tissu adipeux brun qui les protège contre le froid. Ici, les chercheurs identifient chez la souris, un interrupteur moléculaire capable de convertir la graisse blanche malsaine en graisse brune. Un médicament capable d’inhiber chez l’Homme ce commutateur serait capable de réduire rapidement le surpoids et les facteurs de risque de diabète, même en cas de régime riche en graisses.
Le Pr Shingo Kajimura, professeur de biologie à l’école de médecine dentaire de l’UCSF avait déjà montré que la graisse brune chez les humains adultes se compose principalement de ce qu’on appelle "la graisse beige," qui avec le froid peut se transformer en tissu adipeux brun.
Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont étudié, par phosphoprotéomique, les différences de processus par lesquels les cellules adipeuses blanches et brunes répondent au froid. Ils identifient ainsi une protéine appelée caséine kinase 2 (CK2), qui semble responsable de la prévention de la combustion de la graisse blanche. Lorsque cette protéine est génétiquement ou pharmacologiquement inhibée, alors les cellules adipeuses blanches se mettent aussi à la combustion, comme leurs homologues brunes. L’activité de CK2 est accrue chez les souris obèses.
Un maillon de l’obésité : un médicament CK2-bloquant permettrait donc de stimuler le métabolisme et de prévenir le gain de poids. Ici 2 médicaments sont testés, pour leur capacité à bloquer CK2 et à stimuler la production de nouvelle graisse brune chez les souris:
· une petite molécule appelée silmitasertib (CX-4945), déjà en cours de test dans les essais cliniques comme traitement contre le cancer,
· un » oligonucléotide antisens » (ASO) qui élimine CK2 en bloquant les instructions d’ARN que les cellules utilisent pour le produire.
ØCes 2 médicaments parviennent bien, chez la souris, à transformer des quantités importantes de graisse blanche en brune, ce qui augmente considérablement la quantité d’énergie brûlée. Les 2 médicaments réduisent aussi de manière significative les effets négatifs d’un régime riche en graisses, dont le gain de poids, les niveaux de glucose dans le sang et la résistance à l’insuline.
Une nouvelle piste donc très prometteuse avec ces deux CK2-bloquants, pour traiter l’obésité humaine et dans un avenir proche, espèrent les auteurs.
Source: Cell Metabolism Nov, 2015 DOI: 10.1016/j.cmet.2015.09.029 Phosphoproteomics Identifies CK2 as a Negative Regulator of Beige Adipocyte Thermogenesis and Energy Expenditure
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