Se sentir stressée ou déprimée à l’approche de la ménopause n’a rien d’anormal, confirme cette étude de l’University of North Carolina at Chapel Hill. En cause, les fluctuations » normales » d’un œstrogène, l’estradiol, habituelles durant la période de transition vers la ménopause, qui vont contribuer à augmenter la sensibilité émotionnelle parfois jusqu’au stress. Les conclusions de l’étude, présentées dans la revue Ménopause, suggèrent même, que combiné avec un événement de vie très stressant, ce changement hormonal favorise humeur dépressive.
Les psychiatres de l’Université de Caroline du Nord rappellent qu’en général, les femmes sont à risque plus élevé de dépression que les hommes, et jusqu’à 2 fois plus de trouble dépressif majeur. Les facteurs de reproduction et les changements hormonaux associés, chez la femme, ont également été démontrés comme largement associés aux résultats de santé, jusqu’au risque de décès. L’incidence des épisodes dépressifs chez la femme a également été liée aux événements liés à la reproduction (dépression périnatale et trouble dysphorique prémenstruel). Enfin, pré-ménopause et début de ménopause ont déjà été associées à un doublement voire un triplement du risque de symptômes dépressifs. Bref, on sait qu’une femme sur 3 environ va présenter des symptômes dépressifs cliniquement significatifs au cours de la périménopause.
Or le principal changement physiologique au cours de la périménopause est l’extrême variabilité des concentrations d’estradiol. Les chercheurs ont donc mené une étude de 12 mois sur les effets vs placebo, d’une administration transdermique d’estradiol chez X femmes en péri-ménopause. Leur analyse montre que :
· la variabilité estradiol conduit au développement de symptômes dépressifs, de l’irritabilité et du sentiment de rejet,
· elle augmente la sensibilité des femmes au » rejet social « , et en cas d’autres facteurs de stress psychosociaux (divorce, deuil, licenciement…) accroît la vulnérabilité mentale jusqu’à la dépression.
· Cependant, l’effet de la variabilité de l’estradiol sur l’humeur reste lui-même très variable selon les femmes.
Comprendre l’impact des fluctuations hormonales liées à la ménopause sur la santé mentale des femmes est évidemment primordial pour choisir les meilleures options de traitement face à des patientes qui se plaignent de stress, de dépression, ou de sautes d’humeur. Il s’agit aussi, concluent les auteurs, d’évaluer l’efficacité des différentes interventions possibles pour la prise en charge de ces effets psycho-sociaux, et de repréciser aussi les indications de la thérapie hormonale de la ménopause.
Source: Menopause March, 2016- Communiqué Eurekalert AAAS Estradiol variability, stressful life events, and the emergence of depressive symptomatology during the menopausal transition
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