Cette étude internationale de l’Université du Queensland (UQ) chercheurs constate la réémergence de la scarlatine, une maladie de l’enfance qui avait pratiquement disparu ces dernières années. Grâce à des techniques de séquençage du génome, leur étude révèle une augmentation de l’incidence des bactéries en cause dans la maladie et leur résistance croissante aux antibiotiques. Ces données, présentées dans les Scientific Reports, font en particulier, état d’une épidémie au Royaume-Uni ayant donné lieu à 12.000 cas en un an.
La scarlatine est une infection bactérienne, par le streptocoque bêta-hémolytique du groupe A. La bactérie se transmet par voie aérienne (toux, éternuements…), par contact direct ou indirect et sécrète des substances toxiques pour l’organisme. Ses principaux symptômes, une forte fièvre, une angine et une éruption cutanée sont parfois accompagnés de maux de tête, nausées, vomissements et douleurs abdominales. La maladie peut être traitée par antibiotiques. La scarlatine est rare chez le petit enfant de moins de 2 ans encore protégé par les anticorps de sa mère, touche surtout les enfants âgés de 5 à 10 ans, rarement les adultes. A l’âge de 10 ans, 80% des sujets sont immunisés grâce à la production d’anticorps après contact avec un porteur sain de la bactérie. Son incidence en France n’est pas connue cependant la fréquence des infections invasives à streptocoques A est en augmentation en France depuis quelques années.
Le Pr Mark Walker, chercheur à l’Université de Queensland explique que la maladie réapparaît en force dans certaines régions de l’Asie et du Royaume-Uni. Ainsi, durant ces 5 dernières années, plus de 5.000 cas auraient été recensés à Hong Kong, plus de 100.000 en Chine et cette dernière année, 12.000 au Royaume-Uni.
Des changemens génétiques vers une virulence et une colonisation accrues : Le streptocoque du groupe A (SGA) est l’une des principales causes d’infections invasives à travers le monde, accompagnées de complications sévères comme la fasciite nécrosante et le syndrome de choc toxique streptococcique. Les chercheurs ont analysé les glissements génétiques de la bactérie, à partir de souches des épidémies de fièvre scarlatine de Hong Kong et de Chine (2011) et leur analyse génomique identifie la présence d’éléments génétiques mobiles qui contribuent à l’augmentation de la virulence et l’amélioration de la colonisation bactériennes. Des éléments génétiques mobiles qui, précisément, expliquent les résistances à la tétracycline, l’érythromycine et la clindamycine.
Des données qui, écrivent les chercheurs, permettent aujourd’hui d’identifier rapidement les bactéries résistantes aux antibiotiques, précisent un certain nombre de facteurs (bactériens, statut immunitaire, facteurs environnementaux (température, précipitations),
Ømais qui devraient aussi, appeler à la prise de conscience des autorités sanitaires.
Les auteurs appellent ainsi à une surveillance continue avec un suivi précis des facteurs et des effets afin de préciser l’impact possible de ces changements génétiques sur la charge mondiale de la maladie.
Source: Scientific Reports 02 November 2015 doi:10.1038/srep15877 Transfer of scarlet fever-associated elements into the group A Streptococcus M1T1 clone (Visuel 1 "Streptococcus pyogenese bacteria (yellow) bound to a human neutrophil (blue)"@ NIAID -Visuel 2 @Biophoto Associates / Science Source, vignette UCSD)