Les anticipations rationnelles partent de l'idée que les agents connaissent la loi d'évolution d'un phénomène. Elles ont été imaginées par les américains Muth, Lucas et Sargent, pour ne nommer qu'eux. Par exemple, les ménages savent que la TVA va augmenter de 5% (la décision n'est pas prise mais devrait l'être dans le courant de l'été y compris pour le niveau de la hausse) par conséquent à une date donné un bien ou un service va connaître une hausse de prix. Par expérience ou connaissance, les ménages le savent. En prévision, ils achètent ce bien dans des quantités supérieures pour subir le plus tard possible la hausse de la TVA.
Bref, les ménages anticipent, ce qu'on appelle en économie, une variable endogène (hausse de la TVA) et prennent une décision de telle sorte que la valeur réalisée de cette variable endogène (acheter plus que de raison) corresponde à la valeur anticipée (une hausse des prix). Cependant, ce n'est qu'une anticipation... Donc la hausse de la TVA peut ne pas avoir lieu à la date prévue ou ne pas être mise en place tout simplement. Sauf qu'entre-temps, les ménages auront modifiés leur comportement de consommation. Selon l'ampleur de cette modification, on peut aboutir à une saturation de l'offre qui ne peut répondre à toute la demande. Ce phénomène de pénurie peut entraîner une hausse des prix pour permettre aux producteurs de réguler la demande à leur volume de production. Et au total, le consommateur subit la hausse des prix alors même que la hausse de la TVA n'aurait pas lieu. Et si la hausse est effective, il subira deux hausses de prix : celle de la TVA et celle qui permet de réguler la demande par rapport à l'offre.
Le producteur lui va se retrouver d'abord face à une demande plus forte que prévu. Il va donc augmenter sa production... mais aussi ses prix donc. Ce qui va dans un second temps réduire ses débouchés alors même qu'il aura intensifié son offre... L'anticipation rationnelle d'une hausse de TVA débouche sur une baisse de la demande après un violent pic et en parallèle à une crise de production.
La suppression des droits de successions peut engendrer une anticipation rationnelle positive sur l'économie. Par anticipation, les ménages qui bénéficieront de cette disposition peuvent envisager de nouveaux projets à financer, qu'ils ne pouvaient espérer réaliser auparavant. Une partie de cette somme non perçu par l'Etat pourra favoriser une hausse de la consommation et de l'épargne. Dans le premier cas, l'effet sera plutôt de court terme. Le second plus durable selon la nature des placements retenus.