Avec le manque de temps, » faire l’effort » ou l’effort physique est l’un des principaux obstacles de la pratique régulière de l’exercice. Si l’idée même de prendre un médicament pour vaincre sa paresse et pratiquer l’exercice peut paraître saugrenue, il n’est pas interdit de réfléchir à des interventions innovantes issues d’une meilleure compréhension de la façon dont le cerveau régule le comportement de l’activité physique et donc d’opter pour une approche psychobiologique. Comme c’est de plus en plus envisagé dans la prise en charge de l’obésité. Toujours comme dans le cas de l’obésité, l’activité physique ou son contraire, la sédentarité, sont des comportements très complexes que seule une combinaison de différentes interventions peut parvenir à réguler. L’hypothèse de ces chercheurs dont le Pr Samuele Marcora de l’Université de Kent, suggère que la réduction de perception de l’effort pendant l’exercice en utilisant la caféine ou d’autres médicaments psychoactifs (comme le méthylphénidate et le modafinil) pourrait inciter de très nombreuses personnes » à reprendre le sport « .
Une intervention radicale et controversée ? Quelques arguments des auteurs :
· Si l’intervention pharmacologique peut sembler radicale, le besoin est bien là : la motivation à » exercer » reste un axe intéressant voire primordial à » travailler « , pour les personnes chez lesquelles un exercice modéré comme une petite marche représente des efforts considérables ou, plus largement pour toutes les personnes en surpoids et / ou en état de fatigue mentale.
· il n’existe pas d’opposition éthique solide à l’utilisation de substances psychoactives pour aider à cesser de fumer ou pour traiter l’obésité, alors pourquoi pas l’inactivité physique ?
· la perception négative du dopage dans le sport ne devrait pas éliminer e recours médicamenteux contre la sédentarité,
· l’inactivité physique est responsable de 2 fois plus de décès que l’obésité, son » traitement psychopharmacologique » semble donc » équitable et légitime « .
Bref, du point de vue, certes surprenant de ces spécialistes, l’hypothèse de utilisation de médicaments pour favoriser un comportement physiquement actif a de solides bases théoriques et présente de sacrées promesses pour l’amélioration de la santé publique. Restent les connotations éthiques négatives et bien justifiées quand il s’agit de dopage dans le sport qui font obstacle à la poursuite d’études sur ce type d’interventions. » Je me souviens encore de la première réaction, horrifiée d’un psychologue lorsque je lui ai parlé de cette idée. Et pourtant, il n’existe aucune opposition éthique de l’utilisation de médicaments psychotropes pour réduire l’apport énergétique… «
Source: Sports Medicine 26 October 2015 DOI: 10.1007/s40279-015-0412-xCan Doping be a Good Thing? Using Psychoactive Drugs to Facilitate Physical Activity Behaviour