Art egyptien antique : art amarnien

Publié le 05 novembre 2015 par Aelezig

L'art amarnien (Nouvel Empire - XVIIIe dynastie : -1500 à -1300 environ) est une forme d'art de l'Egypte antique qui révolutionna les canons artistiques classiques en place depuis plusieurs siècles. C'est sous le pharaon Amenhotep III que le style amarnien naît, style qui se développera surtout sous le règne de son successeur, Akhénaton. C'est surtout dans la nouvelle capitale de ce dernier, Akhetaton, que cet art se développa. On le retrouve par exemple dans les sépultures des nobles qui furent enterrés dans les environs. Le nom arabe d'Akhetaton est Tell el-Amarna, d'où l'adjectif « amarnien ».

Statue d'Akhénaton

Le style se caractérise d'une part par un art délicat où abondent les plantes, les fleurs et les oiseaux ainsi que les scènes de genre, l'assimilant à un art « naturaliste », et d'autre part par la représentation plutôt réaliste des personnages, poussant parfois même jusqu'à la caricature notamment en ce qui concerne la famille royale (alors que l'art traditionnel était plutôt idéaliste).

Sculpture

La sculpture suit en quelque sorte l'évolution du règne. En effet, dès le début, le roi se fait figurer dans son temple de Karnak sous l'aspect traditionnel de colosse osiriaque mais dont les formes sont déjà singulières et uniques dans l'art égyptien. La sculpture officielle quant à elle adopte des formes et des traits atteignant un réalisme qui tranche nettement avec la production des règnes antérieurs. Si la tradition est conservée quant à l'identification du roi dans les poses ou les formes générales de la statuaire, s'inscrivant dans la continuité des époques précédentes, les portraits semblent réalisés d'après nature, et non plus à partir du portrait royal officiel, et permettent de donner à la pierre polie davantage d'expressions et de différences morphologiques d'un exemplaire à l'autre.

On a retrouvé à Akhetaton les ruines de l'atelier de Thoutmès, sculpteur officiel de la cour royale. Sous les couches de débris de l'atelier se trouvaient toute une série d'épreuves de l'artiste dont le célèbre buste de Néfertiti mais également des portraits réalisés en moulage de plâtre dont il est tentant d'imaginer qu'ils ont été réalisés sur le modèle original : les personnes royales elles-mêmes. Nous serions alors en présence d'une véritable galerie de portraits authentiques de cette cour amarnienne qui marqua si intensément le pays et sa production artistique.

L'art amarnien est un art dont l'origine et le but sont royaux. Certains textes de l'époque (dont une stèle du sculpteur Bak) nous rapportent que le roi lui-même enseigna aux artistes ces modifications profondes dans la représentation.

Une fille d'Akhénaton

S'il est vrai que la sculpture subit dès Amenhotep III des changements sensibles préfigurant ceux qui seront largement accentués par Akhénaton, c'est essentiellement dans l'art pariétal que la révolution se fait sentir.

Bien que les canons soient restés les mêmes, il est toutefois notoire que l'on assiste à dater d'Akhénation à un assouplissement des poses et une diversification des scènes. La production pariétale a pour but de mettre en scène la relation entre la création, avec tout ce qu'elle comporte de vivant, et l'astre solaire, le créateur, qui domine toujours les scènes et inonde de ses rayons aux mains bienfaitrices les tableaux ainsi composés. Au milieu et en bonne place on trouve en général le roi, unique intermédiaire entre le dieu et les hommes en compagnie de la reine et de leurs enfants, faisant face au soleil, consacrant des offrandes et recevant en retour du dieu les signes de vie ankh.

C'est donc le rapport au monde que l'art amarnien change, en cela que l'ensemble de la création devient représentable car issue du dieu soleil Aton qui, à travers la personne du roi, garantit la vie - donc l'éternité.

Tombes

Du coup les vieux tabous tombent et n'ont plus de raisons de s'exprimer ou d'être censurés, brisant en même temps des siècles de traditions. Ainsi la tombe royale aménagée à l'est de la capitale, et non plus à l'ouest (traditionnel emplacement du monde des morts), porte des représentations au cœur même du caveau ayant plus à voir avec la vie de la famille royale qu'avec la future vie du roi dans l'au-delà. On voit donc Pharaon sur son char sortant du palais suivi de ses serviteurs, se rendant au grand temple d'Aton. Il consacre une grande offrande au dieu qui illumine un monde regorgeant de vie ; sont représentés des animaux de toutes sortes qui n'auraient jamais trouvé leur place au cœur d'un tombeau royal. D'autres tableaux représentent la famille royale dans des scènes de la vie intime, des représentations qui vont à l'encontre de l'image classique du pharaon, beau comme un dieu, immuable et impénétrable, aussi éloigné du monde des hommes dans sa figuration qu'il pouvait l'être dans la réalité lorsqu'il vivait reclus dans son palais.  

Princesse amarnienne

L'art amarnien organise donc une vraie rupture que la ville d'Akhetaton elle-même vient confirmer. Installée sur la rive orientale du Nil, elle était en fait concentrée autour du palais royal, gigantesque, et des grands temples dédiés à Aton. Il s'agissait de créer un nouvel espace permettant de mettre en scène la vie de la famille royale, vie et geste qui devenaient alors de véritables rituels dans le culte de l'astre solaire. C'est toute la cité qui devient le temple d'Aton et de son représentant Akhénaton !

On comprend alors l'acharnement des prêtres des anciens cultes à faire disparaître ces représentations et sculptures afin de les rendre inefficaces à jamais, à la suite de la restauration entreprise dès Toutankhamon. L'objectif de ces destructions, en plus d'effacer la mémoire d'Akhénation, était de briser leur capacité de manifestation qui, selon la mentalité égyptienne, habitait toute image figurée, modelée ou sculptée.

D'après Wikipédia