Dope, de la balle

Publié le 04 novembre 2015 par Jebeurrematartine @jbmtleblog

Vous reprendrez bien une petite douche de hip hop des années 90 ? DOPE est là pour vous servir. Un film drôle, intelligent et surprenant, qui donne la pêche, combat adroitement les clichés et possède un sens aigu et fin de la réalité : ça fait du bien sur nos écrans. Pour la mise en bouche, voici de quoi accompagner votre lecture avec pep’s. 

Malcolm est un adolescent lycéen issu des bas-fonds de Los Angeles. Enfant unique et élevé par sa seule mère, il est un élève brillant, gentil, un peu dans son monde mais pas asocial, fan de vieux hip hop et aspire à entrer à l’Université. Mais tout ça, c’était avant qu’il ne se retrouve mêlé contre son gré à un traffic de drogue. 

© Happiness Distribution

Voilà un synopsis qui peut paraître vraiment tarte-à-la-crème. Pourtant le réalisateur Rich Famuyiwa arrive à retourner la situation et le film évite habilement les écueils du cliché. Malcolm et ses copains charismatiques et classes chacun à leur manière, Diggy et Jibs, forment un trio attachant. Attachants pas parce qu’ils sont « mignons », mais au contraire parce qu’ils ont l’esprit aiguisé, sont des caractères originaux, et que leur amitié, pourtant bien solide, ne repose pas sur les poncifs du genre. On est face à des ados américains qui semblent correspondre à une réalité, et pas des facsimilés des clichés diffusés par les séries américaines dont nous sommes tous abreuvés. Ils vont affronter cette épreuve avec brio et ingéniosité, soudés sans être mièvres, et surtout, dans le respect d’une certaine vraisemblance. 

© Happiness Distribution

Dans cette optique, tous les personnages sont finement pensés : soit ils échappent au stéréotype que pourtant ils représentent (la jolie fille naïvement amoureuse mais pas sans caractère, le dealer de drogue qui veille au bon emploi des expressions de la langue), soit ils sont habilement détournés pour faire un genre nouveau de leur propre prototype, version déjantée. 

© Happiness Distribution

Les renversements de situation dans le fil de l’histoire sont subtils et brillants. Si la réflexion de Malcolm, son évolution n’apparait pas au premier abord, elle est sous-tendue pendant tout le film, et trouve son paroxysme avec l’écriture de la lettre de motivation pour l’Université. Alors, tout fait clic, et on comprend la maturation, lente mais sûre, qui a germé chez ces futurs adultes. Au moment du dénouement, on échappe au happy end classique pour quelque chose de plus original, de plus profond et de plus vindicatif. Malcolm est effronté, intelligent, et il le sait. Il nous l’a prouvé, et fort de cette expérience, il se redresse pour nous faire nous regarder bien en face : alors, les yeux dans les yeux, toi, tu peux suivre ? La fin du film est laissée en suspens pour nous donner une ultime leçon… finalement, cela a-t-il vraiment de l’importance ? 

© Happiness Distribution

DOPE se démarque par la justesse dont il fait preuve dans la compréhension du fonctionnement d’un monde qui est le notre, en tout cas celui de ce qu’on a appelé la génération Y. Un adroit montage, inspiré de la frénésie communicative qui nous caractérise, lui aura sûrement valu le prix du meilleur montage au festival Sundance où le film a été remarqué et acclamé. Et pour couronner le tout, le film est énergique et bien mené. Les séquences sont dynamisées par une bande son du feu de Dieu et s’enchaînent avec fluidité et vivacité. On en ressort grandi – car on a pensé – et rempli d’une ferveur nouvelle.

© Happiness Distribution

Malcolm – un nom à la lourde connotation – nous interpelle pour nous transmettre cette folle aventure qu’il a vécue, mais c’est un message qui va bien au delà de cette expérience individuelle. Malcolm nous parle de différence et de courage. Il nous parle de sortir des clichés qui collent à sa peau noire, à sa provenance, à son vécu, à son image, à ce qu’on peut croire de lui. Malcolm se dresse devant nous, fier, et affirme son parcours, son audace, pour que nous questionnions nos propres valeurs. Et ça, c’est toute la ferveur de la jeunesse. 

Sortie aujourd’hui sur tous les écrans ! 

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DOPE, un film de Rick Famuyiwa (US) 
Avec Zoë Kravitz, A$AP ROCKY, Shameik Moore, Tony Revolori
Sortie française le 7 novembre 2015
Durée : 1h43

Produit par Forest Whitaker et Pharrell Williams
#DOPELEFILM


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