Si l’isotrétinoïne orale (Acnetrait, Contracné, Curacné et Procuta), un rétinoïde (médicament dérivé de la vitamine A) n’est indiquée qu’en 2èmeintention dans le traitement de l’acné sévère, ce n’est pas une raison pour laisser des patients atteints trop longtemps sous un traitement antibiotique qui "ne marche pas", concluent ces chercheurs du New York Langone Medical Center. Les conclusions, publiées dans le Journal of the American Academy of Dermatology (JAAD), appellent donc à mieux surveiller la réponse aux antibiotiques dans les premières semaines qui suivent le début du traitement.
L’isotrétinoïne orale expose à un risque tératogène et potentiellement à un risque de survenue de troubles psychiatriques, deux risques majeurs qui justifient une surveillance spécifique de l’Agence nationale du médicament. L’isotrétinoïne ne devrait donc être prescrite pour l’acné sévère (4% des cas) que lorsque les traitements classiques comportant des antibiotiques systémiques et un traitement topique n’ont pas été efficaces.
Cependant, ces chercheurs américains montrent que le traitement de l’acné sévère reste trop fréquemment retardé par une » surexploitation » des antibiotiques dans les prescriptions, au dépend des médicaments plus puissants et parfois mieux adaptés.
Ces chercheurs du Langone Medical ont sélectionné plus de 5.000 dossiers de patients en recherche de traitement pour l’acné légère à sévère, puis ont analysé les dossiers de 137 patients, âgés de plus de 12 ans et traités pour des cas graves de maladie de la peau.
Leur analyse montre que,
· les médecins laissent trop de patients sous traitement antibiotique, trop longtemps même lorsque le traitement s’avère inefficace.
· l’antibiothérapie initiale, même inefficace, dure en moyenne 11 mois avant que le médecin reconnaisse une absence de réponse au traitement et décide de passer à l’isotrétinoïne.
· parmi les 137 patients souffrant d’acné sévère qui, finalement, ont reçu une prescription d’isotrétinoïne, le délai moyen qui s’écoule entre la première évocation par le médecin et la prise du traitement par le patient, est estimé à 6 mois.
· Les causes de ces retards apparaissent multiples, rapportent les chercheurs : contrôles stricts sur la délivrance étant donné le risque de malformations congénitales, préoccupations concernant la dépression et d’autres effets secondaires sévères.
Changer le traitement au bout de quelques semaines ? Le délai de changement de traitement, en cas d’acné sévère, devrait se compter en semaines et non en mois, lorsque le patient ne répond pas à l’antibiotique, explique l’auteur principal, le Dr Seth Orlow, Professeur de dermatologie pédiatrique au Langone. Au-delà du fait que les antibiotiques ne sont pas toujours efficaces, leur surutilisation, ici dans le traitement de l’acné, favorise l’émergence de résistances. Enfin, les auteurs précisent qu’un traitement antibiotique peut néanmoins être très efficace pour certains types d’acné notamment inflammatoires.
L’acné reste le motif n°1 de consultation chez le dermatologue : "Nous devons donc trouver un meilleur équilibre entre les antibiotiques en première intention mais dont l’efficacité doit être surveillée de près, et le passage à l’isotrétinoïne pour les patients chez qui les antibiotiques ne fonctionnent pas".
Source: Journal of the American Academy of Dermatology October 30, 2015 DOI: 10.1016/j.jaad.2015.09.046 The use of oral antibiotics before isotretinoin therapy in patients with acne
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