Les éditions La Coopérative, qui viennent d’être fondées par Jean-Yves Masson et Philippe Giraudon entreprennent de publier l’œuvre de Germont. Première parution avec un recueil de sonnets.
III
Heures dont le souvenir jusqu’à présent m’effrayait,
Revenez à moi désormais, approchez.
Je me rappelle ces jours où je découvrais la beauté,
De nouveau m’envahit le trouble cruel.
La ville s’épanouissait comme une fleur violente
Dont le parfum m’enivrait,
Je marchais par les rues lumineuses, je marchais,
Ignorant encore de mes natives souffrances.
Je revis cet instant,
De nouveau je sens sur ma peau brûlante
Le souffle parfumé de l’été.
Tu t’avançais, ma cruelle espérance,
Ma mort, ma fausse existence,
Et je suis mort de ta beauté
XXXII
Il ne connaît pas son destin tragique
Celui qui s’avance, plein d’une sombre tristesse,
Parmi les brèves journées et les longues nuits.
Il ne soupçonne pas sans doute cette heure solitaire.
Pris entre deux tourments : ces visions fugitives
Dont la précision déchire mon cœur nostalgique,
Ces sensations troublantes qui me poursuivent
Et l’ombre inexorable où tout espoir disparaît.
Puisse-t-il s’anéantir, ce moment d’horreur
Où s’oublieront un à un les regards,
Et puissé-je m’endormir enfin sans cette terreur !
Je sens avec ennui l’air frais sur mes lèvres bienheureuses,
Mes cheveux sont doux, mes mains peuvent encore caresser mon visage,
Mes yeux – pourquoi mes yeux me font-ils si mal ?
Germont, Sonnets, La Coopérative, 2015, pp. 12 et 43
Bio-bibliographie de Germont