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Interview – Nat Jenkins & The Heartcaves

Publié le 03 novembre 2015 par Le Limonadier @LeLimonadier

Avant son concert parisien, Nat Jenkins (de Nat Jenkins & The Heartcaves) a reçu Le Limonadier dans les bureaux de son label pour nous parler de son nouvel album Back to the Island. Rébellion, tradition et bières, nous avons abordé ensemble tous les sujets importants du moment.

Bonjour Nat. On va commencer par parler musique. Votre nouvel album, “Back to the island” reste très rock. C’était un vrai choix ou parce que vous en avez rien à foutre de savoir si ça allait buzzer ?

La plupart des morceaux que j’ai écris avec le groupe, et spécialement avec Robbie Heart le guitariste (avec qui je joue depuis 6 ans maintenant), ont toujours été rock’n’roll. Notre nouvel album est assez différent du premier sur pas mal d’aspects. Je pense que nous sommes allé explorer des territoires différents mais cela reste toujours très rock. C’est ça qu’on aime écrire donc on le fait !


« Turn Me On »Back to The Island

La production est léchée, il y a plus de profondeur dans l’album, même les voix sont plus graves (un mélange entre Lou Reed et David Bowie sur certaines, bravo), peut on en conclure que vous avez grandi ?

Je ne sais pas à quel point je peux dire que j’ai muri, mais merci de penser ça (rires). On voulait faire un album rock’n’roll mais avec notre propre patte, en apportant des influences sixties, ce genre de chose. Je suppose, même s’il est compliqué de se complimenter sur son propre boulot, que nous avons cherché à intégrer un panel plus large d’influences dans cet album, avec des sons différents de ce que nous faisions avant. Peut-être que c’est plus « mature » comme vous dites, même si ce mot fait un peu peur (rires).

On peut utiliser un autre terme hein !

Non non c’est bon, j’aime bien dire ça comme ça finalement. Je pense que c’est quelque chose qui nous est venu naturellement, même si ça reste très conscient d’un autre côté. Nous voulions explorer de nouveaux horizons !

En parlant d’enfant du rock, reste t’il selon vous des rebelles dans le rock ? Êtes-vous rebelles ? Ou est-ce que tout ça c’est une utopie crée de toute pièce par la CIA pour vendre des t-shirts des Sex Pistols à Camden ?

Bonne question ! (réfléchit) Je ne sais pas si nous pouvons dire que nous sommes des rebelles, et je ne pense pas que l’un d’entre nous se décrirait comme tel. Mais j’espère que le rock est toujours une expression de rebellion à sa manière, entre autres choses. Je pense que le but ultime du rock est d’aider les gens à se sentir mieux par rapport au monde qui les entoure, à leur vie et à eux-même. Et une des façon de se sentir mieux c’est d’agir en rebelle, de protester. Ça n’a pas besoin d’être un acte politique, ça peut juste être de dire que le monde n’est pas parfait, voir carrément merdique, mais que, au moins, on s’est bien marré, et qu’on a écouté du bon son !

Pour reparler de votre musique, tout le monde s’accordera pour dire qu’on retrouve beaucoup de rock anglais dans vos chansons (The Libertines, Oasis, Two Door Cinema Club…). Vous pouvez nous donner quelques influences inavouables ?

Une sorte de plaisir coupable ? OK, je peux vous le dire, j’aime bien la chanson de Claude François « Cette année là ». C’est vrai ! Je l’adore vraiment ! (il nous la chante pour le prouver). D’accord j’ai des goûts assez spéciaux mais si je dois trouver un vrai plaisir coupable… OK, vous savez quoi, je vais vous dire. Robbie et moi on a un peu honte d’avouer qu’en fait on aime bien Abba. C’est le genre de truc qu’on déteste d’habitude, mais en même temps c’est toujours cool à écouter tout seul en chantant. Mais est-ce qu’on doit vraiment se sentir coupable d’aimer Abba ? Quand on y réfléchit, ils ont fait de supers morceaux pop. Peut-être que c’est juste parce qu’on ne s’attend pas à ce qu’un mec comme moi écoute ça ? En tout cas, sûrement que le moi plus jeune serait super vénère que je dise ça maintenant !

Vous habitez à Paris, en quoi la musique française a t’elle pu influencer votre album ?

On joue avec des musiciens français maintenant. Stéphane Chandelier à la batterie, qui est un batteur génial qui a joué avec Thomas Dutronc entre autre. Il a beaucoup d’expérience en jazz : quand il ne joue pas avec nous, il joue dans un club de jazz 5 soirs par semaine ! Donc on peut le remercier de nous avoir apporté son influence en jazz français. Et Pierre Juarez, notre bassiste, joue aussi avec Brigitte et Selim, et fait donc plus partie de la branche « chanson française à texte ». Le « groove » qui ressort de l’album vient donc de toutes ces nouvelles influences ! Vous savez, en Angleterre, on est assez fort pour faire du gros rock qui tâche, mais la musique française est tellement plus groovy. Parfois ça prend forme avec de l’electro ou bien de la disco, et parfois sous la forme du rock. On veut juste danser et bouger les épaules comme ça (balance ses épaules pour nous montrer). Bref, tout ça pour dire que oui, il y a plein d’influences française dans l’album. Et sinon, dans les groupes que je préfère, je dirais La Femme (le premier album est fantastique), et pour les chanteurs plus traditionnels je dirais Serge Gainsbourg, Edith Piaf ou Georges Brassens que j’écoute depuis tout petit !

Vous allez jouer dans peu de temps (le 4 novembre) au Badaboum avec Rhum For Pauline et Paon. Comment s’est passé votre arrivée au milieu de tous ces français ?

Franchement, ça a été génial ! Paris a peut-être la réputation d’être intimidante et froide mais pas pour nous. Nous avons rencontré de supers musiciens, de supers producteurs, que des gens supers en fait ! On ne peut pas se plaindre. Et pour la musique, finalement, à Londres, même si vous êtes un groupe qui marche et que vous vous pointez pour jouer dans une salle, personne n’en a rien à foutre ! Les mecs sont là « Ouai trop cool encore un groupe de rock… » *reprend sa pinte en levant les yeux au ciel. C’est assez différent d’ici où on est assez bien traité en fait !


« Gentle Night »Back to The Island

On a lu que vous étiez fan de Allan Giesberg et Jack Kerouac. Est-ce que des écrivains français vous ont inspirés aussi ?

Vous savez quoi ? Je ne connais pas tellement les auteurs français. J’ai lu un peu de Camu et quelques autres, mais pas plus. Mais j’aimerais en lire plus, donc peut-être que vous pouvez me donner des devoirs à la fin de l’interview ?

Et c’est qui cette fameuse “Lorraine” (dans la dernière chanson de l’album “Just like Lorraine”). On ne chante pas une ballade comme ça pour n’importe qui non ?

Ce n’est pas mystérieux du tout ! Ca parle juste de ma copine avec qui je suis depuis longtemps, et Lorraine est son deuxième prénom. Je peux vous raconter l’histoire de cette chanson par contre. Ça parlait d’elle bien sur, mais je ne savais pas que c’était son deuxième prénom avant de l’écrire en fait. Déjà, c’était l’une des seules chansons de l’album que j’ai écrite d’un seul trait. C’est cool quand ça arrive, tu te dis juste « Merde ! ça vient d’où ça ? » et tu es content. Et une fois fini, je lui ai chanté, ce à quoi elle a répondu « Oh ! Je ne savais pas que tu connaissais mon deuxième prénom ». En plein dans le mille. Peut-être étais-ce conscient, ou peut-être étais-juste chanceux, je ne sais pas.

On nous a dit dernièrement “Le truc qui me manque le plus, c’est la scène”. Pour ceux qui ne sont jamais monté dessus, c’est quoi tout ce truc autour de la scène ? Qu’est ce qui la rend si unique ?

Je ne veux pas paraître complaisant ou arrogant, mais j’ai fait tellement de scènes en 10 ans que ça m’est devenu presque familier. Peu importe ce qui a pu se passer dans la journée, si t’as passé 10 heures dans une voiture à 5 dans une Twingo et que tout le monde est de mauvaise humeur, tu montes sur la scène et tu te sens bien. C’est comme rendre visite à un vieux pote. La façon la plus logique pour moi d’expliquer ça c’est à cause de la lumière. Il y en a tellement que tu ne peux pratiquement pas voir le public, même si tu peux le sentir. Ça rend l’expérience assez délirante en fait, toutes ces lumières de toutes les couleurs avec cette présence invisible derrière, c’est assez drôle ! Pour terminer, c’est aussi de jouer avec tes potes qui est sympa. Je joue parfois tout seul, mais ça n’a rien à voir avec le fait de monter sur scène avec les amis !

Une question typiquement anglaise : Arsenal, Chelsea ou Tottenham ?

Malheureusement, je ne suis pas un grand fan de foot, je dois déroger à la règle ! Les autres gars du groupe suivent le fot, mais pas moi je suis désolé.

Et enfin, la question Limonadier : si vous étiez quelque chose à boire, vous seriez quoi ?

(Après un long moment) C’est difficile de répondre à cette question parce que t’es obligé de trouver un truc qui va te faire paraître cool. Ça me coute de dire ça mais je pense que la réponse la plus honnête que je puisse faire c’est dire la Bière. Je bois plein de bière, les gars boivent plein de bière… On reste là dessus même si ça me gêne de l’admettre.

Merci beaucoup Nat !

Merci, c’était sympa !

On vous voit le 4 novembre au Badaboum ! (les dernières place en vente ici)

Cheers !

La Team Limo

Clémence DL

Clémence DL

Chroniqueuse rock du Limo mais ouverte d'esprit.
Sur une île déserte, j'emporterais "Meddle" de Pink Floyd et "Ziggy Stardust" de David Bowie.
Et je deteste le Nutella.
Mon Cocktail Préféré :
Le Picon-Bière
Clémence DL

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