Les éditions L’Herbe qui tremble publient Neige, suivi de Vivante Etoile de Gérard Bayo.
A János Pilinszky
Sait-elle
qu’elle existe
la corneille sur le fil
de fer ? Car la nuit vient.
De leur passage en terre
inconnue, rien n’est resté.
Les os
trop lourds, les crânes
disproportionnés appuyés au mur
de béton
Lui monte
à la porte
du dépositoire la garde…
2.
Rencontre
autre
un peu plus autre
que d’autres. Pourtant ce monde
et le cosmos te ressemblent
de plus en plus.
Et ta douleur
devient la leur. Et la leur au seuil
de l’enfer tu la fais exister
•
Sous-Bois
Et le train était à l’heure.
Pas un aboiement : sur le quai un silence total.
Des sorties :
dans la gare, par trois barrières,
en rase-campagne.
Suis allé jusqu’à la route aux peupliers.
Ni sable blanc
ni marais. Pas encore de neige.
De la forêt, pas un son ne sortait.
De vous,
de vous, n’ai rencontré personne.
•
Goya – Hölderlin
Pour Roland Reutenauer
Près des bassins à flot, ses rugosités,
à lui, ses maladresses, sans
littérature,
ses proches
et ses lointains, la belle Garonne
vue
de la rue Achard pendant l’hiver fameux.
Et le poème
sans poésie, si simple pourtant, la parole
du sourd
C’est bien ainsi,
la vie aussi.
Ajoute
la voix du sourd.
(Bacalan)
•
Tristesse d’Éric Satie
Laquelle suffit à tout,
ensoleille
jusqu’aux rives abruptes du canal, apaise
le cri des mouettes.
Oui, couvre des caresses
du soleil, Satie-le-Juste, les rives du canal.
Au confluent
de la rivière et du canal, les peupliers.
Givet.
Oui,
« très perdu » le son au sommet
de la rue Cortot. Sauf à aimer,
très perdu, dit Monsieur le Pauvre.
Chacune
des choses à sa place
Et la dernière
au sommet. Oui.
Gérard Bayo, Neige, suivi de Vivante Etoile, L’Herbe qui tremble, 2015, pp. 14, 38, 60 et 104.
Bio-bibliographie de Gérard Bayo.