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Vers une fin de l'exil des Français handicapés en Belgique?

Publié le 02 novembre 2015 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Des années 1980 à nos jours, le nombre de personnes porteurs de handicap a fortement augmenté en France. Cela est dû aux progrès de la médecine qui leur permet de vivre généralement au-delà de soixante ans alors qu’ils ne dépassaient pas les quarante ans à l’époque. Le problème est que la France n’a pas pris la mesure de cette augmentation et s’est retrouvée longtemps démunie pour accueillir correctement les handicapés. Depuis plusieurs années, l’État français se sert de la Belgique comme terre d’accueil des handicapés avec plus ou moins de réussite. Dans le même temps, un vrai business s’est développé en Belgique où 140 établissements, en partie privés, ont vu le jour pour accueillir ces personnes. Cependant ces structures ne sont pas toujours adaptées aux besoins des patients et certaines s’enrichissent sur le dos des familles démunies face à l’absence de structures adaptées, en particulier pour les personnes porteuses des handicaps les plus lourds.

A l’orée 2016, ce sont 5000 adultes et 1500 enfants handicapés qui vivent dans des structures spécialisées en Belgique. En effet nos voisins ont mieux pris que nous la mesure de ce phénomène et se sont très largement équipés pour accueillir les handicapés, tandis que la France accumulait du retard. Par ailleurs les écoles publiques françaises sont généralement inadaptées, c’est pourquoi les 1500 enfants (majoritairement autistes) sont pris en charge dans des écoles publiques belges.
Ségolène Neuville a tenté de relativiser la situation en avançant que les Français accueillis en Belgique ne représentent que 1% des Français accueillis en établissement. La France compte 10.000 établissements accueillant 460.000 personnes handicapées tandis que la Belgique compte 139 structures accueillant uniquement des handicapés venus de France. Afin de limiter les départs vers la Belgique, une enveloppe de 15 millions d’Euros a été débloquée. A ce sujet la secrétaire d’État au handicap a déclaré que désormais "les conditions sont réunies pour que les personnes handicapées puissent avoir des solutions qui leur conviennent près de chez eux".

Ces déclarations, en plus de l’annonce du déblocage des 15 millions, n’ont pas soulevé l’enthousiasme souhaité par la secrétaire d’État. En effet, comme le dénonce l’UNAPEI, ce montant est dérisoire en comparaison des 250 millions dépensés chaque année par les départements et l’assurance maladie pour assurer la prise en charge des 6500 Français chez nos voisins belges. Par ailleurs, de 2008 à 2012, 50.000 places dans des structures adaptées devaient voir le jour dans l’Hexagone mais sont toujours inexistantes. Par conséquent, l’annonce conjointe de la ministre de la Famille et de la secrétaire d’État au handicap ne va en rien remettre en cause les accords franco-wallons inhérents à l’accueil des handicapés. Les 15 millions serviront à combler le retard français en matière de structure d’accueil, de façon à offrir des meilleures conditions de vies aux 47.000 personnes handicapées vivant encore chez leurs parents ou dans une structure inadaptée.

Alors que le l’attente était grande autour de l’annonce de la ministre qui promettait que "l’exil en Belgique, c’est fini", l’UNAPEI, qui participe pleinement à l’effort d’accueil des handicapés en France (200.000 personnes handicapées accueillies, 55.000 familles adhérentes des associations affiliées et 94.000 professionnels employés dans les 550 associations fédérées) a fait savoir sa déception quant aux décisions prises à l’Assemblée. L’association estime que la réponse apportée par le gouvernement est insuffisante, notamment car elle ne change pas la situation des centaines de familles qui doivent se rendre en Belgique pour visiter leurs proches avec les contraintes que cela engendre (éloignement au quotidien, coût du transport...). L'UNAPEI a fait savoir que le combat continuerait car: "Sans changement radical en 2016, les personnes handicapées resteront les bannis de la République".

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