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Publié le 02/11/2015 par Cathy Lafon
A un mois de la Conférence internationale sur le climat, les fausses idées sur les énergies renouvelables ont la vie dure. Or, notre avenir en dépend : si on apprenait à les connaître ?
Les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ne cessent de le répéter : si l'humanité veut espérer stabiliser le réchauffement climatique en cours à +2°C d'ici à la fin du siècle, en améliorant la qualité de l'air qu'elle respire, elle doit diminuer de toute urgence et drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre et de CO2. Voire les stopper définitivement.
Pour y parvenir, outre une consommation énergétique plus raisonnable, une seule solution : développer les énergies décarbonées, propres et renouvelables pour les substituer aux énergies fossiles, ultra-polluantes et responsables de plus de 80% des émissions de CO2. Bonne nouvelle : contrairement à ce que l'on pourrait penser, c'est possible.REPERES
- 1.Le nucléaire est une énergie propre et renouvelable
FAUX
L'Hexagone dont les dirigeants ont choisi depuis les années 50 et 60 le tout-nucléaire pour assurer son alimentation en électricité, dépend énergétiquement à 77% de l'atome. Mais si, lorsqu'ils fonctionnent, les réacteurs nucléaires émettent peu de CO2 (17 g/kWh, selon EDF) et de gaz à effet de serre, ils ne produisent pas pour autant une énergie 100% décarbonée, propre et renouvelable.La question insoluble des déchets et un cycle de vie émetteur de gaz à effet de serreHors accident majeur, comme on a pu le voir en Ukraine, à Tchernobyl(1986) ou encore au Japon, àFukushima (2011), la filière industrielle de l'atome produit des déchets hautement radioactifs et donc ultra-polluants, pour le traitement desquels aucune solution définitive n'a encore été trouvée. Le cycle de vie du nucléaire, de l'extraction de l'uranium à sa fabrication en combustible, en passant par la manipulation et le transfert de matières radioactives, est émetteur de gaz à effet de serre. En France, le déploiement du parc nucléaire n'a fait baisser que de 15% les GES qui restent quatre fois supérieures au niveau souhaitable. Enfin, l'arrêt d'un site nucléaire implique des actions de démantèlement longues, lourdes et extrêmement coûteuses, notamment pour éviter tout risque de pollution radioactive.>>LE BONUS Le principe de la fission nucléaire utilise l'uranium comme combustible. Un minerai qui est, sur Terre, une ressource fossile aussi limitée que le pétrole, le charbon ou encore le gaz, et que la France doit en outre importer.
- 2.L'hydrogène n'est pas une énergie renouvelable
VRAI… ET FAUX
Les scénarios de la transition énergétique et du fameux mix énergétique propre du futur font souvent passer l'hydrogène à la trappe. Pourtant, ce gaz pourrait contribuer à remplacer les hydrocarbures pour économiser sur les ressources fossiles et réduire les émissions de CO2.L'hydrogène, propre et vertL'hydrogène, l'élément le plus abondant de l'univers et sur Terre, n'est toutefois pas une énergie renouvelable au sens strict du terme, mais un vecteur énergétique (qui transporte de l'énergie, tout comme l'électricité), non polluant et non toxique. On le trouve principalement dans l'eau, mais aussi dans le pétrole ou le gaz naturel. Pas plus dangereux que tout autre combustible, contrairement à sa réputation, l'hydrogène est propre et vert, dès lors que le procédé d'électrolyse de l'eau qui permet de le produire utilise de l'électricité issue de sources d'énergie renouvelables, comme le solaire ou l'éolien.Stockable sous forme solide dans des containers, notamment grâce à la technologie française McPhy Energy, ce gaz peut servir à produire de l'électricité à la demande (régulation de l'intermittence des énergies renouvelables) ou être injecté dans les réseaux gaz.
"C'est ce qui se rapproche le plus de la voiture écologique ultime." ToyotaIl faut aussi rouler les véhicules électriques - bus, voiture ou vélo, comme le vélo électrique Alphabientôt fabriqué en série à Biarritz- avec la pile à combustible hydrogène (PAC). Une mobilité totalement propre qui ne rejette ... que de l'eau. L'hydrogène peut être employé comme carburant dans les stations-service pour les véhicules qu'il propulse. Pourtant, à la différence de l'Allemagne, des Etats-Unis ou encore du Japon où les constructeurs automobiles comme Toyota s'y intéressent depuis longtemps, sous le poids du lobby pétrolier, la France a délaissé jusqu'à présent ce gaz. Cela pourrait changer: le gouvernement a demandé en septembre dernier une étude sur la voiture à hydrogène. >>LE BONUS La Gironde, avec la société Hydrogène de France Energie (HFE), installée à Lormont, est en pointe pour la mobilité durable hydrogène. HFE qui fait le lien entre les gestionnaires de flottes automobile, les constructeurs et les exploitants d'infrastructures, se positionne pour devenir l'un des leaders du marché de l'hydrogène énergie, en France et à l'international.
- 3.La France est en retard dans le secteur des énergies renouvelables
VRAI
Après avoir été à l'avant-garde notamment dans le solaire et le photovoltaïque, l'Hexagone accuse désormais un lourd retard, comme l'expliquent les chiffres détaillés par le rapport commandé par Greenpeace, "La manne inexploitée des renouvelables", publié en septembre dernier.- 4.Seules, les énergies renouvelables ne suffiraient pas pour chauffer et éclairer la planète entière
FAUX
Selon l'Institut californien Renewables 100, seuls 50,1 millions de Terriensvivent avec des énergies 100% renouvelables, soit 0,7% de la population mondiale. Mais ça change, et vite...En 2025, plusieurs grandes villes dans le monde consommeront une énergie 100% renouvelableEn Europe, depuis deux ans, Pécs, 120.000 habitants, la cinquième ville de Hongrie, est passée au"tout biomasse" et ne se chauffe et ne s'éclaire quasiment plus qu'à la paille et au bois. En 2050, un pays entier, le Danemark vivra avec des énergies 100% renouvelables. Il produit déjà 70% de son électricité avec l'éolien.L'Allemagne veut faire des renouvelables sa principale source d'énergie – elles doivent représenter 80% de la consommation d'électricité à l'horizon 2050 -, et parmi elles, le vent se taille la part du lion, avec 13% aujourd'hui du mix énergétique. Auparavant, d'ici une dizaine d'années, les premières mégalopoles comme Cohenhague-Malmö, Munich en Allemagne, San Francisco et San José en Californie ou encore Sydney en Australie auront atteint l'objectif de 100% renouvelables. Au Canada, c'est en 2040 que 100% de l'énergie de Vancouver sera renouvelable.
En 2050, la France pourrait parvenir à un objectif 100% renouvelablesEt la France ? Selon le rapport de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe)dévoilé en avril dernier puis confirmé le 22 octobre, la Francepourrait elle aussi parvenir en 2050, à un bouquet énergétique 100% renouvelable, avec 63% d'éolien sur terre et en mer, 17% de solaire, 13% d'hydraulique et 7% de thermique renouvelable. Un scénario sur lequel Greenpeace s'accorde, dans le document "100% d'énergies renouvelables pour tous", réalisé par l'ONG avec le Centre aérospatial allemand et publié fin septembre.>>LE BONUS Les énergies renouvelables sont une solution pour 1 milliard d'êtres humain qui, dans les pays les plus pauvres de la planète ou en développement, n'ont toujours pas accès aujourd'hui à l'électricité, malgré le recours massif aux énergies fossiles.
- 5.Les énergies renouvelables coûtent cher
FAUX
Les industries solaire et éolienne sont arrivées à maturité et sont compétitives avec le charbon en termes de coût. Les coûts de fabrication ont été considérablement réduits ces dernières années, alors que l'efficacité a progressé à vitesse grand V. A titre d'exemple, en France, le retour d'investissement d'une installation photovoltaïque est aujourd'hui de 10 ans en moyenne et de nombreux projets prévoient de vendre de l'électricité solaire à70 euros le million de watts, ou mégawattheure (MWh). A 82 euros le MWh,l'éolien est devenu une source d'énergie concurrentielle par rapport au nucléaire en construction, au coût supérieur à 120 euros.L'éolien et le photovoltaïque concurrentiels par rapport au nucléaireSelon les calculs de l'Ademe, 100% d'électricité renouvelable en 2050ne coûterait pas plus cher à la France que le mix énergétique 2025 qui prévoit d'abaisser et de maintenir à 50% le seuil du nucléaire. Avec 100% d'énergies vertes, le coût de l'électricité, 119 euros le MWh, serait certes 30% plus cher que celui que nous connaissons aujourd'hui (91 euros), mais quasiment identique à celui du scénario où l'atome représenterait 50% du mix énergétique, 117 euros.
L'électricité nucléaire va coûter de plus en plus cherL'explication est simple: maintenir le parc nucléaire vieillissant de la France est très coûteux. En 2025, la moitié des 58 réacteurs auront atteint l'âge canonique de 40 ans et EDF qui envisage de dépenser près de 50 milliards d'euros sur une dizaine d'années afin de porter leur durée de vie à 50 ou 60 ans, prévoit des hausses de tarif chaque année pour les rénover : 2,5% cette année. Sans compter le déficit abyssal du groupe du nucléaire français Areva (4,9 milliards d'euros en 2014) et le dérapage faramineux du coût de l'EPR de Flamanville...>>LE BONUS Les énergies renouvelables peuvent aussi rapporter de l'argent aux habitants. En France, chaque propriétaire ou exploitant agricole des terres où s'élèvent les 70 turbines dunouveau parc éolien "Seine Rive Gauche Nord"(Champagne-Ardenne) attend des revenus - dédommagement et de loyers- de l'ordre de 4.000 euros par an et par éolienne.
- 6.Elles créent des emplois
VRAI
Greenpeace estime à 1,4 milliards d'euros d'investissement par an d'ici 2050 le coût de la transition énergétique des fossiles aux renouvelables. Mais l'investissement nécessaire est rentable à terme, car il est couvert par les économies futures mais aussi par la création de centaines de milliers d'emplois en France et en Europe et de millions d'emplois dans le monde entier.- 7.Les renouvelables diminuent notre empreinte carbone
VRAI
il n'y a pas photo : les renouvelables, c'est l'avènement du règne du presque zéro carbone. Le temps nécessaire pour rembourser l'énergie qu'il faut dépenser pour la construction de leurs équipements, est de quatre à six mois pour une éolienne pour une dure de vie moyenne de 25 ans, et de un à trois ans pour une installation photovoltaïque.- 8.Elles ne sont pas fiables, car intermittentes
FAUX
Certes, le soleil ne brille pas la nuit et le vent, qui ne souffle pas en permanence, est aussi parfois trop fort. Mais plutôt que d'intermittence, il vaut mieux parler de "variabilité" : ce qui compte, c'est l'action combinée de toutes les filières renouvelables (éolien, solaire, biomasse, géothermie, hydraulique) pour atteindre un approvisionnement complet. Et puis, l'intermittence est aussi le lot du nucléaire : les réacteurs d'un parc nucléaire ne fonctionnent jamais tous en même temps.On peut stocker l'énergie des renouvelablesAutre fausse idée reçue : "on ne peut pas stocker l'énergie des renouvelables". Tout d'abord, l'électricité produite par le solaire ou les photovoltaïque est destinée à être consommée localement, le surplus étant réinjecté dans le réseau électrique global. Ensuite, la recherche progresse rapidement dans ce secteur et il existe désormais des batteries de stockage ultra performantes, y compris domestiques, comme celle lancée au printemps dernier par Tesla,l'entreprise américaine de transport électrique. Le PowerWall, un bloc de 1 mètre de hauteur environ, s'installe dans les foyers et peut stocker l'énergie fournie par des panneaux solaires ou des éoliennes domestiques. Vendue 3.000 euros et pourvue d'une capacité de 10 kilowatts par heure, le PowerWall sera commercialisée avant la fin de l'année aux Etats-Unis et en 2016 dans d'autres pays, comme l'Allemagne.>>LE BONUS L'Aquitaine serait l'une des 2 seules régions de France privées d'éoliennes, entre autres, parce qu'elle ne serait pas assez ventée. Aujourd'hui, l'explication ne tient plus : il existe des mats jusqu'à 150 mètres de haut, qui captent des vents constants en altitude.
- 9.Les énergies renouvelables occupent l'espace et dénaturent le paysage
FAUX
En matière d'énergie, c'est comme boire ou conduire : il faut choisirToute vie sur Terre et toute production d'énergie à un impact sur l'environnement. Si l'on veut continuer à s'éclairer, à se chauffer et à se déplacer sans asphyxier la planète, il faut choisir le mode de production d'énergie le plus propre, le plus sobre en carbone et aussi le moins impactant possible sur l'environnement. Et sur ce dernier plan, les renouvelables sont championnes.
Culture écologique et éducation à l'environnementNos voisins espagnols, allemands ou encore danois, champions des éoliennes, ont-ils des paysages terrestres et maritimes moins beaux que les nôtres ? Leurs vaches et leurs moutons sont-ils moins sensibles aux ultra-sons que les nôtres ? Les éoliennes, dont les ancêtres, les moulins à vent, ornaient jadis les hauteurs de nos campagnes, sont-elles plus laides dans un paysage qu'un barrage, une centrale nucléaire ou à charbon, ou encore des pylônes électriques ?Finalement, plus qu'une question de goût, l'acceptabilité sociale des renouvelables est peut-être avant tout une affaire de culture et d'éducation à l'écologie et à l'environnement.>>LE BONUS Selon RTE, en 2014, l'Aquitaine était la première région photovoltaïque de France. Avec une puissance installée de 770 MW, la production d'électricité photovoltaïque a atteint un record de production (777 GWh) dans la région, soit une progression de 45 % par rapport à 2013. SOURCESAdeme, Ministère de l'Ecologie et du Développement durable, Syndicat des énergies renouvelables (SER), Réseau de transport d'électricité (RTE), ERDF, Association des distributeurs d'électricité en France, Greenpeace.