Elle est ici
tout près de moi
le dos tourné au mur de briques rouges
un chandail noir (blanc sur les épaules)
comme l’ordinateur, qu’elle tient sur ses genoux
Je sais qu’elle ne me voit pas
je peux alors la regarder
seule dans le soir
chercher des mots sur l’écran
où coule la lumière malade des fils
Ses cheveux nattés en tresses
le long cou d’un cygne
dans le brouillard de novembre
Aujourd’hui, jour des Morts
me savoir vivant à deux pas d’elle
dans cette Europe cynique et étrangère
encore toute à faire
au milieu des voix inaudibles des enfants
faisant la fête autour des tables
la voir, blonde catastrophe
telle une plaie dans la nuit
qui salira sa beauté
avec des ongles de brume
sortir à la hâte
son front enveloppé d’un foulard
son regard croise le mien
le temps d’un instant
immobile à présent sur l’empreinte de ses lèvres
sur le bord de sa tasse vide
le siège encore chaud de ses flancs, de sa jupe
la sachant perdue
et pour cela déjà eue
dentelle de Flandre
Rien ne se vit
Tout est à entreprendre
Fabio Scotto