Chroniques of the week : oh la vache… Mais ce ne serait pas ARAKAWA ?

Publié le 01 novembre 2015 par Paoru

Après quelques semaines focalisées sur la déferlante de la rentrée, j’ai enfin eu l’occasion de rattraper mon retard sur les sorties de l’éditeur Kurokawa, qui fête ses 10 ans avec de bien belles choses au catalogue présent et à venir (ONE PUNCH MAAAAAAAN !). De mi-août à mi-octobre c’est plus d’une vingtaine de mangas qui nous ont été proposés et on y retrouve une bonne partie des auteurs ou titres  phares de la maison d’édition : du Arakawa sous toutes ses formes (humour, aventure, tranches de vie agricoles, deeeeemandez l’programme !) du Kodama, du Nozokiana, du Jésus et Boudhaaaaaa (ouai les rimes en a c’est claaaaasse) et le troisième tome des Miséraaaa…bles (damnit, j’y étais presque !). Bon le soucis c’est qu’il y a teeeeellement de chose à dire que si je met tout ici, vous en avez pour votre semaine à tout lire. L’occasion est donc parfaite (again…) pour un spécial Hiromu ARAKAWA, histoire de rendre hommage à la Holstein du manga !

En route pour les chroniques donc, et bonnes lectures !


Nobles Paysans
 #3 de Hiromu ARAKAWA :
 On commence par une bonne tranche de rigolade et de la vie de campagne. Troisième volume de cette autobiographie de la mangaka à succès (Fullmetal Alchemist pour les béotiens) qui continue de narrer ses septs années de vie dans la province très agricole d’Hokkaïdo.

Déjà, c’est un chouette bouquin : nombreuses pages couleurs, grand format et des bonus de partout (j’adore la mini-bd en bas de page qui s’anime quand on feuillette l’ouvrage), une traduction et une édition nickel : même avec « seulement » 120 pages on ne rechigne pas à débourser les 9.1 euros nécessaires, surtout une seule fois par an.

Pour cet opus 2015 on continue d’apprendre plein de choses sur la famille Arakawa, notamment sur la mère et feu la grand-mère, des personnages hauts en couleurs, jamais dénués de ressources et qui prennent la vie avec un entrain inoxydable. Ils sont assez touchants en plus, il faut bien avouer. Le livre est aussi un défilé d’anecdotes, issues des discussions entre l’auteur et son éditeur, laquelle faisant partie intégrante du récit et jouant le rôle du spectateur lambda, tout aussi surpris que nous par la vie rocambolesque des agriculteurs… Une façon d’apprécier à quel point ils sont tous bien barrés… Néanmoins nous sommes les seuls surpris car, du coté des fameux paysans, tout ça est pris avec naturel et désinvolture ce qui participe énormément au comique des différentes situations.

Dans ce volume Arakawa évoque pas mal d’histoires entourant les animaux, indissociables de la vie de campagne : la capacité des chiens à se pointer – à la seconde près – à l’heure du repas, les chats qui dorment vraiment n’importe où, les grues, les poissons et bien évidemment les vaches… les fameuses Holstein n’auront plus aucun secret pour nous !

Blagues mises à part la mangaka est aussi là pour partager et faire réfléchir : elle ancre toutes ses histoires dans une réalité sociale ET économique tout en dévoilant quelques aspects de son existence, comme l’époque charnière où elle a lancé sa carrière tout en continuant à travailler à la ferme. Le résultat est dense, drôle et passionnant. Nobles paysans devient un cadeau qu’on se fait chaque année avec plaisir !

Silver Spoon #11 de Hiromu ARAKAWA : d’humour aussi il est question dans cette autre série d’ARAKAWA, tout comme d’agriculture, mais pas seulement. Avec la fin de sa première année de lycée agricole qui approche, Yugo doit commencer à se confronter à son avenir. Ce jeune homme qui allie une profonde gentillesse, de l’intelligence et un attachement toujours cornélien à ses idéaux est décidément très charismatique, même s’il reste assez empoté dans sa relation amoureuse… Mais Aki n’est guère mieux et la communication entre ces deux là vaut vraiment le détour dès qu’il s’agit de parler de sentiment : « oh Yugo des chocolats, merci ! Hum oui le 14 février et alors ?« 

Si on creuse un peu le récit depuis ses débuts, on voit que tout le parcours de Yugo est jalonné d’antagonisme entre rêves, souvent ceux des autres d’ailleurs, et réalité : on a eu l’élevage du petit cochon, le camarade qui rêvait de baseball et Aki qui rêve d’équitation… Des batailles où Yugo refuse toujours de s’avouer vaincu. Mais cette fois-ci il va falloir qu’il commence à s’occuper de lui et une mission des plus périlleuses s’annonce : convaincre son père, cet iceberg intransigeant. On a appris à détester l’homme lors des volumes précédents, mais ce 11e opus vaut de l’or car, après échecs et humiliations, il semble que tout n’est pas perdu entre ces deux-là. En tout cas la visite du père au lycée agricole, au delà de cette confrontation père-fils, est aussi un moment hilarant… Avec une baston de regard épique !

Bref, depuis le temps que je vous le dit, Silver Spoon est vraiment un manga pas comme les autres, dont les personnages nous touchent de manière surprenante. L’un des rares titres que je pourrais me mettre à relire, d’autant plus avec le ralentissement sec que connait la publication au Japon, puisqu’un seul tome (le 13e) est paru en 2015.

The Heroic Legend of Arslân #3 de Hiromu ARAKAWA & Yoshiki TANAKA : C’est amusant de voir que, pour ces récits épiques autres que FMA, ARAKAWA choisit pour la seconde fois une adaptation. Je suppose que ça lui simplifie la vie niveau écriture mais pas seulement, on sent qu’elle aime ces grandes fresques inspirées de légendes qui font l’histoire des peuples. Si je n’ai pas été totalement emballé par Héro Tales, Arslân se montre beaucoup plus finement élaboré, et de plus en plus prenant. C’est en tout cas une nouvelle occasion pour l’auteur de se laisser aller à de grands combats héroïques et une soif de justice qu’elle sait faire germer chez ses héros comme dans le cœur du lecteur, en faisant défiler les pires crimes qui soient : trahisons funestes, massacres au nom de la religion, esclavage, vengeances assoiffées. On dispose donc de tous les ingrédients pour se faire emporter par cette aventure aux parfums d’Orient. Religion – Orient – Massacre : voilà d’ailleurs qui fait un sinistre écho contemporain aux dérives religieuses de cette région, même si ça n’a rien de nouveau. Mais bref…

Au centre de ce récit on retrouve le fameux Arslân, Prince dont le Roi de père a été vaincu et déchu. Le jeune homme est encore naïf mais on a envie de lui laisser le bénéfice du doute, d’autant que son enfance dorée ne l’a pas vraiment bien préparé à la barbarie humaine. En plus, il est accompagné par une garde rapprochée de haute tenue, qui vient s’étoffer dans ce volume. Il y avait déjà ce symbole de force et de justice, le ténébreux Daryûn – qui a conquis toutes mes connaissances féminines en deux planches, il est fort – puis Narsus, cet artiste lamentable et pourtant convaincu de sa vocation, qui s’avère heureusement un stratège de génie et qui prend la pose pour la couverture du tome. Bon ok, il est pas moche non plus mais, ô joie, il y a désormais une magnifique inconnue, la redoutable prêtresse Faranghîs qui vient rejoindre la troupe de rebelles amenant avec elle le rusé, flatteur et redoutable combattant du nom de Ghîb.

Après le chara-design parfois très carré et anguleux d’un Silver Spoon, les protagonistes d’Arslân montre qu’ARAKAWA sait aussi faire dans une grande finesse et qu’elle ne se contente pas de savoir dessiner des gueules austères et massives débordantes de virilité et de rigueur. La féminité, tout en battement de cil, en regards pénétrants et en petites pointes de sensualité, elle sait aussi le faire. Arslân mélange en tout cas les deux styles à la perfection et, en bonus, nous apporte une bonne dose d’action sous la forme de duels intenses et vifs ou d’affrontements militaires de plus grande ampleur. Un manga des plus complets donc et j’avoue que le jeu vidéo prévu en 2016 façon Dynasty Warriors, me fait un peu de l’œil, mais j’attends d’en savoir plus.

Et voilà pour ces lectures… De tous ces titres et d’autres, il en est plus questions sur les réseaux sociaux comme Instagram, Facebook ou Twitter pour des sessions de lecture en live. La semaine prochaine on continuera avec du Kurokawa et peut-être aussi un peu de Kana, Ki-oon et/ou de Glénat et Komikku, car j’ai des choses très alléchantes qui m’attendent, la preuve avec la pile à lire :