L'abbaye de Fontmorigny, il faut la trouver ! Se perdre dans la campagne berrichonne, suivre des routes bordées de forêts, des collines vertes et recouvertes de feuilles mortes prises dans le brouillard. Se rendre à l'abbaye cistercienne, raison de plus en bus, ça se mérite ! Enfin, après un demi-tour 4x4 à l'orée d'un champ détrempé par la pluie d'octobre, les propriétaires viennent nous saluer et nous ouvrir les grandes grilles de leur domaine en perpétuelle rénovation. Plus de dépenses et de soucis que de tranquillité, voilà ce que les maîtres des lieux nous disent de leur séjour depuis 1987 à l'abbaye. Pour s'en sortir et pour valoriser le monument, ils ont décidé de le lier intimement à la musique et d'organiser des événements comme celui que nous venons voir aujourd'hui.
Ce matin, donc, nous nous mettons à l'abri dans le réfectoire chauffé et prenons place pour faire un bond dans le temps. Nous voici à Tolède, en 1267, à l'époque où le roi Alphonse le Sage règne sur une ville dans laquelle cohabitent pacifiquement trois religions. Les trois personnages de ce conte mis en musique sont trois adolescents : un garçon juif, un garçon arabe et une jeune chrétienne. Leur amitié, mise à l'épreuve par une sombre histoire de vol de manuscrit, sera aussi la clé de la résolution de l'enquête qu'ils décident de mener. Trois religions, trois cultures, trois amis. Le message est clair pour les écoliers assis dans le public. Pour soutenir l'histoire, la musique, les instruments et les chants de l'époque, interprétés en romance et en ladino, finissent de nous plonger dans cette ambiance exotique, tant par la distance temporelle qui la sépare de nous, que par l'incongruité que cette paix culturelle possède au regard des événements actuels. Derrière les musiciens et le chanteur, qui est aussi conteur, un théâtre d'ombres à l'italienne. Un condensé artistique de ce qui se faisait de mieux à l'époque. Tolède, 1267, un paradis perdu ?
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