La Mort du Chasseur T1 de Mike Zeck et J.M. De Matteis

Publié le 01 novembre 2015 par 7bd @7BD

Série: La Mort du Chasseur Titre: T1 - Le bourreau et le Cercueil Auteurs : Mike Zeck (dessin) J.M. De Matteis (scénario) Bob Mac Leod (encrage) Janet Jackson (couleurs) Editeur : Comics USA Super Heros Année : 1988 Page : 48 Résumé : New-York, USA. De nos jours, Kraven Le Chasseur hante sa tanière, Spider-Man rend hommage à un indic décédé et le troisième protagoniste de cette histoire rôde dans les égouts de la ville, dévorant les humbles passants innocents ! Nul ne sait encore la part que vont prendre les autres à cette curieuse histoire de haine et de sang, de rédemption et de beauté. Mon avis : Cette histoire sombre tranche avec l'ambiance Marvel habituelle. Bon, même s'il faut reconnaître que ce type d'exception a, dans les années 90 et même avant, donné de beaux épisodes dans différentes séries. On touche avec La Mort Du Chasseur à un objet unique. Cette mini-série éditée en trois tomes en France m'a laissé sur le carreau. La noirceur de l'histoire, certes, que je redécouvre avec plaisir des années après, mais aussi la vision du personnage de Kraven donné par De Matteis. Ce super-vilain de la première heure trouve ici son moment de gloire. Il décide de mener sa vengeance jusqu'au bout, et vous serez surpris de ce qu'il appelle « mener sa vengeance à son terme ». Bien loin de ce que l'on pourrait attendre de ce super chasseur d'opérette, au contraire, ce récit nous fait découvrir son histoire, son passé et utilise au mieux ses capacités et sa vision du monde. Si vous êtes fan de l'homme araignée, ces trois tomes placeront Kraven dans le panthéon des super-vilains du tisseur. Merci le Bouffon vert et Docteur Octopus, mais laissez passer les vilains qu'ont de la classe. Cet album est le début d'une descente aux enfers, marqué par l'eau. En effet, la pluie tombe sur New-York et rend l'ambiance poisseuse. Des trombes s'abattent, la terre devient boue, et les endroits secs, enfumés, sombres, ne sont pas plus sûrs que les rues et encore moins que les égouts humides où règnent les rats.
Si j'ai été captivé dès le début de cette histoire, c'est aussi grâce au texte. Il y a finalement très peu de dialogues. Tout passe par des voix intérieures, exposées par des cadres de couleurs et de police différentes, selon la personne qui pense. En quelque phrase, vous serez tout de suite au cœur de l'ambiance, happé dans l'esprit d'un des trois protagonistes, tapi dans les recoins sombres de ses pensées. Et c'est dans les tréfonds de l'âme que va vous entraîner De Matteis avec cette histoire trouble. Car cette méthode de narration, passant par les silences ou les immersions intérieures, fonctionne à merveille – en tout cas, avec moi – et si vous y êtes sensible, vous dévorerez les trois tomes sans vous arrêter. D'autant plus que le graphisme est de qualité. Une belle entrée en matière ! En effet, c'est Mike Zeck qui s'est collé à ce retour de Kraven, pour mon plus grand plaisir. Personnages réalistes, ambiance fantastique – dans les deux sens du terme -. En effet, l'histoire étant très psychologique, elle joue sur les rêves, les peurs et les envies des personnages et prend parfois une tournure fantastique irréelle mais surtout, les couleurs de Janet Jackson confortent cette touche onirique. Des violets nocturnes, certains avant-plans passés au rouge et cette obscurité brisée soudain par des vagues de blanc vous laissent sur le derrière – pour rester poli - . Toute l'ambiance est renforcée par le dessin et les couleurs. Je regrette presque que le graphisme n'ait pas été encore plus sombre. Ce travail de noirceur du scénario poussé dans ses retranchements aurait gagné à être appliqué au dessin. Le découpage se compose de une à six bandes de une à six cases. Ces cases sont souvent rectangulaires et allongées, que ce soit en hauteur ou en longueur. Le découpage joue beaucoup sur des cases se répétant, se doublant, reprenant les personnages dans des poses qui s'accentuent, afin d'augmenter l'effet de folie, de temps suspendu. Car autant au moment des combats, les choses vont très vite, autant au moments des conflits intérieurs, elles prennent plus de temps. Et le dessin ralentit l'action en augmentant le nombre de cases pour une même petite action. Pour notre plus grand plaisir et pour nous maintenir toujours au cœur de l'histoire ! Le cadrage alterne toute une gamme de plans. Bien que les personnages soient souvent dans l'introspection, le cadrage n'en reste pas paisible pour autant. Suivre un personnage en plongée, ou en contre-plongée, serrer le cadre sur un regard, un changement d'expression brutale ou subtil, autant d'effets maîtrisés par Mike Zeck. Quand je vous dis que ça intrigue ! La Mort du Chasseur est une aventure à ne pas manquer. Si vous êtes fans de l'homme-araignée, c'est un objet unique et incroyable. Si vous découvrez l'Araignée, c'est une approche différente et radicale des aventures de ce héros et si vous n'êtes pas du tout super-héros, c'est une sacrée bonne histoire ! Alors avec tout ça, si ça ne vous suffit pas, je ne sais plus quoi vous dire. Ah si, jeune s'abstenir car c'est un récit assez dur, mine de rien (on y mange des hommes et des araignées). Oui, c'est peut-être la seule raison pour ne pas lire cette BD, vous êtes trop jeune pour ça. Mais heureusement, cette raison-là ne dure qu'un temps ! Zéda s'interpose entre Kraven et L'Araignée ! David