Le Cinéma je le vis avec un grand C.
Je l'ai étudié, écrit, tourné, visionné, incarné, vécu, le fais toujours et la rupture n'aura jamais été totale quand j'ai choisi de faire de choix aux valeurs familiales à l'aube des années 2000.
Je baigne dans le Cinéma comme on lirait un journal de la première à la dernière page. Je me laisse emporter tel un marin sur les eaux, parfois entre 6 et 8 le matin. D'autres fois, quand il serait préférable de dormir en jeune après-midi après une nuit de travail.
Je plonge dans le bonheur dans l'univers d'auteurs.
J'aime les histoires.
J'aime les images.
J'aime les idées.
Les trois ensemble, ça fait du Ciné.
Une fois par mois, en ouverture de celui-ci et ce, jusqu'à la fin de l'année, je vous propose 10 films, pas obligatoirement les meilleurs, qui m'ont parlé quand je les ai visionnés. Il est possible que les productions soient concentrées sur les l'Amérique puisque je suis Américain. Il ne faudra pas trop m'en tenir rigueur.
Je n'ai quand même pas tout vu non plus.
Voici 10 films des années 90 qui m'ont nourri de manière enrichissante.
Les films de Wong Kar Waï sont d'abord esthétiques, Il filme comme on peint. Et simplement ça, c'est toute simplement merveilleux pour mes yeux. De plus, il calibre beaucoup sur la musique, comme moi. Son premier film à se rendre chez nous se concentre sur le paradoxe des personnages, vivant dans le dense Hong Kong, tentant tant bien que mal de se lier entre eux de toutes les sortes de manière, tout en restant affreusement seuls dans leur monde intérieur. L'internet en somptueuses images.
La Haine. 1995.
Je suis extrêmement citadin. J'aurais de la peine à le cacher les deux premiers films proposés ne peuvent pas être situé plus au coeur de la jungle des villes. Dans ce cas-ci: Paris. Hubert, Vince & Saïd improvisent leurs vies à coups de conneries dans les banlieues de Paris. Dans un noir et blanc fameux, le comédien Mathieu Kassovitz se fait réalisateur et filme un extraordinaire premier effort tout en intensité juvénile.
Delicatessen. 1991.
Entre la BD et l'univers dystopique, dans une française post-apocalaptique, un bloc appartement voit ses occupants lutter pour leur survie, guidé par un boucher extrémiste, inquiété par l'arrivée d'un nouvel arrivant. Découverte de Jean-Pierre Jeunet qui réalise ici avec le comédien Marc Caro. Très drôle.
Un Air de Famille. 1996.
Si il existe un seul film qui serait aussi un cours sur le dialogue comique, ce serait celui-là. Tourné par Cédric Klapish, mais écrit de la main des comédiens Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, qui en avait fait une pièce de théâtre, ce savoureux rassemblement familial plein d'amertume est tout en humour aussi. Hilarant.
Déguisé en comédie, le film d'Émir Kusturica raconte en allégorie l'histoire de la Serbie de la Seconde Guerre Mondiale à 1995. La version originale durait 320 minutes (et sera diffusée en 5 heures de télé en Serbie). La version film, hallucinante et porté par trois merveilleux comédiens: Miki Manojlovic, Lazar Ristovski & Mirjana Jokovic, dure 163 minutes. Et j'en prendrais encore. La seule séquence du mariage est un film en soi. L'idée de personnages cachés dans une cave à qui on fait croire que la guerre dure toujours sera volée par Lelouch ailleurs. Mais Lelouch n'a pas le tier du talent fou d'Émir. Éclaté.
Goodfellas. 1990.
Scorcese et la Mafia, ce n'est pas nouveau, mais l'histoire (vraie) d'Henry Hill, est aussi violente que drôle. La banlieue, c'est la mort, je le savais déjà, mais maintenant que j'y loge, je le goûte tous les jours. Le 9 à 5, c'est aussi tragique, et Henry Hill ne voudra jamais d'autres vies que de celles de petites frappes pour la Mafia. Le meilleur film de Scorcese à mon humble avis. Bracco y est très sexy et Pesci sera oscarisé pour son rôle. Le crime organisé en rire et en pleurs.
La Double Vie de Véronique. 1991.
Amoureux fou d'Irène j'ai été à cette époque. La musique, encore un personnage. Zbigniew Preisner y signe une trame fantastique. L'identité, thème fétiche de Krzysztof Kieslowski, se trouve au coeur de l'histoire de cette jeune fille, convaincue d'avoir croisée son double en Pologne, et avec laquelle elle semble partagé un lien physique et émotif. Fascinant.
Happiness. 1998.
Todd Solondz est un excellent réalisateur. Il signe ici une comédie au casting formidable et traite de sujets abominablement délicats comme la pédophilie avec intelligence. Le sous-texte et les dialogues sont tout simplement dans ce film porté par des personnages aussi différents que familiers. Un psychiatre à la sexualité déviante, un homme qui se trouve plate, deux soeurs abusées par une troisième, convaincue qu'elle est nettement mieux que les deux autres, une jeune femme naïve, abusée par un nouvel arrivant russe, un asocial amoureux, tous des gens qui essaient d'échapper à la réalité que leur offre le New Jersey. Il y a un fluidité visuelle et une richesse dans ce film qui a fait peu d'éclat parce qu'inconfortable par moments. Comédie de l'impossible-à-rire réussie.
Run Lola Run. 1998.
L'Allemand Tom Tykwer signe un délicieux exercice de style aussi drôle que thriller dans sa structure. La trame sonore est très importante et Franka Potente devient de plus en plus sexy dans ses courses contre la montre pour sauver la vie de son chum dans le pétrin. Le film emprunte beaucoup à un film de Kieslowski de 1981 et, pas innocemment, Tykwer tournera aussi un projet prévu de Kieslowski avant qu'il ne décède. Tykwer ne sera jamais meilleur qu'avec ce film.
Lost Highway. 1997.
Collaborant à nouveau avec l'auteur de Wild at Heart, Barry Gifford, Lynch explore dans ce drame psychologique d'horreur noir, un homme condamné à la chaise électrique qui se rappelle sa vie sous des angles précisément choisis par lui. La confusion en images, le voyage dans le cauchemar intérieur de celui qui ne voit le monde que par ses yeux. Transcendant.
Pas tellement ricain finalement...