Il y certains albums que tu attends avidement, don tu guettes la date impatiemment avant de te jeter franchement dessus, comme un dû. Après Moonfire et Harlequin Dream, le troisième album de Boy and Bear, Limit of Love, faisait figure de réjouissance de cette fin d’année 2015. Après deux albums franchement exceptionnels, l’attente était élevée, et les espérances avaient un peu trop grimpées avec l’excitation. L’amer constat s’imposa, alors que je prêtais l’oreille lors d’une première écoute à Limit of Love. La déception. Terrible et sans appel. Après deux albums indie-folk, le troisième était à caser irrémédiablement dans le compartiment pop-rock.
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis affirme un proverbe populaire. Il n’y a que les acariâtre qui ne prennent pas le temps de donner une seconde chance. Heureusement pour moi, je n’ai pas fait cette erreur, et encore heureux, puisque cela fait désormais plusieurs semaines que Limit of Love tourne en boucle sur mon mp3.
Après Harlequin Dream et leur tournée infinissable, les Australiens ont fait un break bien mérité avant de se retrouver dans un premier temps sur la côte ouest de l’Australie pour composer, les pieds dans l’eau. La nouveauté ? L’album compte la moitié des titres écrits et composés par tout le groupe. Affaibli par des soucis de santé, le chanteur Dave serait arrivé tardivement lors d’une répétition et aurait ainsi permis aux autres membres d’avancer en son absence, et de composer entre autres Walk the Wire, le premier single de Limit of Love. Les garçons ont ensuite laissé Nashville de côté pour cette fois, et sont allés poser leurs valises à Londres, pour enregistrer avec Ethan Johns (Kings of Leon, Ryan Adams, Laura Marling, Kaiser Chiefs…). Encore un changement d’ampleur : leur producteur les fait enregistrer live, en studio. Ils doivent alors « désapprendre tout ce qu'[ils] avaient appris sur la création d’un album ».Le résultat n’est pas pour nous déplaire, même si le son en est légèrement altéré/renouvelé. On retrouve d’abord plus facilement leur âme d’antan sur Hollow Ground et Breakdown Slow portés par l’exceptionnel timbre de voix de Dave, avant de se tourner vers Showndown et Ghost 11, où l’on ressent déjà plus le côté pop de cet album : synthé plus incisif, basse plus rythmée et batterie plus métronomique. La guitare se fait carrément plus rock sur Man Alone et A Thousand Faces, et les atmopshères plus pop. La batterie est également étayée par des sons percussifs originaux sur Limit of Love, titre éponyme et diablement addictif. D’une manière générale, on perd malheureusement en harmonies et mélodies, malgré les deux balades finales, Just Dumb et Fox Hole qui viennent combler nos petits cœurs de guimauve.
Ce n’est donc pas le désastre craint, mais un petit orage au loin dans le ciel bleu auquel Boy and Bear nous avaient habitués. On ne parlera pas encore de rupture avec Boy and Bear, mais on n’est guère passés loin, la peur au ventre. Car malgré tout, quand on rejoue inlassablement en boucle ce nouvel album, c’est le signe d’un amour persistant et impérissable. Jusqu’à quand ?
Limit of Love, disponible le 10 novembre (Nettwerk Rec/La Baleine). Boy and Bear en concert le mercredi 4 novembre au Pop-Up du Label.