Lundi 1er novembre 1915, bombes sur les batteries des tranchées

Par Cantabile @reimsavant

Jour de tristesse. Combien de tombes abandonnées que l'on aura délaissées sans une prière, sans une fleur. Si jamais j'ai le malheur que tu n'existes plus je ne puis même pas pleurer sur ta tombe. Si tu ne reviens jamais j'aurai toujours le doute. On ne peut pas savoir ce que l'on souffre dans l'incertitude. Mon Charles, il y a des jours où ma peine est si lourde à porter que je voudrais disparaître en emportant mes deux petits avec moi. Si ce n'était un petit espoir qui me retient, vois-tu, j'irais te retrouver. Toute une vie à souffrir sans t'avoir, pense qu'elle sera longue. Quand je vois la gentillesse de mes cocos et que tu ne les vois pas. Tite Blanchette a encore une dent aujourd'hui. Pauvre toute petite !

Mon Charles, tout mon cœur est près de toi. Ta pensée ne me quitte pas. Je t'aime.

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu'elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu'au 6 mai 1917 (avec une interruption d'un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne