Dimanche 31 octobre 1915. Nuit tranquille sauf quelques coups de gros canons avec riposte des Allemands par quelques bombes

Par Cantabile @reimsavant

Ce matin je suis partie mon Charles à 5 heures et demie du matin jusqu'au cimetière de l'Est. J'avais appris qu'il n'y avait pas de sentinelle avant 7 heures ; c'est défendu d'y aller. Il y a des dégâts mais pas tant qu'on le disait. La tombe de mon grand-père est intacte, celle de derrière est complètement rasée. Je suis allée jusqu'aux tombes des soldats. Il n'y en a pas beaucoup. Elles ne sont pas négligées mais il n'y a pas de fleurs ; une croix, deux drapeaux sur chaque tombe et c'est tout.

Le cœur serré, je fixais ces tombes et j'essayais de me représenter la tienne mais je ne puis, mes yeux ne peuvent te voir mort puisque ma conviction est faite que tu es vivant. Ma désillusion sera peut-être grande et ma douleur encore plus. Mais cette espérance est ma raison de vivre.

Dis mon Charles tant aimé, ta toute petite a eu une dent aujourd'hui, la première, un peu tard mais elle n'a presque pas souffert. Bientôt elle aura un an.

Pauvre Lou, quand je me reporte à deux ans en arrière ...

Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) - Lettres prêtées par sa petite fille Sylviane JONVAL

De sa plus belle écriture, Sylviane Jonval, de Warmeriville a recopié sur un grand cahier les lettres écrites durant la guerre 14-18 par sa grand-mère Hortense Juliette Breyer (née Deschamps, de Sainte-Suzanne) à son mari parti au front en août 1914 et tué le 23 septembre de la même année à Autrèches (Oise). Une mort qu'elle a mis plusieurs mois à accepter. Elle lui écrira en effet des lettres jusqu'au 6 mai 1917 (avec une interruption d'un an). Poignant.(Alain Moyat)

Il est possible de commander le livre en ligne